[26/06/2008 22:06:37] LA HAYE (AFP) Le groupe de banque et d’assurance belgo-néerlandais Fortis s’est effondré en bourse mardi après avoir lancé un plan de solvabilité portant sur 8 milliards d’euros, illustrant les turbulences persistantes d’un marché financier fragilisé depuis 2007. Le titre a perdu 19,37% à 10,20 euros alors que l’AEX clôturait en baisse de 3,08%. Le Bel-20 quant à lui a perdu 4,64%. “Nous pensons que 2008 sera une année difficile pour notre secteur d’activité et nous n’attendons pas d’amélioration de l’environnement économique rapidement”, a déclaré le PDG du groupe Jean-Paul Votron. Renate Brand, analyste à la banque d’investissements SNS, a confirmé à l’AFP que “les conditions du marché financier ne sont pas favorables”. Savoir si le groupe belgo-néerlandais clôturera la liste des institutions financières à la recherche de liquidités ou si d’autres le suivront dépend des conditions du marché, or “si la crise du +subprime+ semble passer, les Etats-Unis approchent de la récession”, ce qui augure d’une fin d’année 2008 “difficile”, selon Mme Brand. Certains nuancent cependant: “Si Fortis accomplit son plan, cela doit lui donner une marge financière, ce qui en soi ne dit rien à propos du marché financier, mais leur donne de la réserve au cas où celui-ci devrait encore se détériorer”, estime Ton Gietman, de la banque d’affaires Petercam. Pour Jurian Hofman, analyste à la banque d’investissement Robeco, “une série de banques aux Etats-Unis sont en position de faiblesse et des pertes (au sein des marchés financiers) seront encore subies”. “Les mesures annoncées par Fortis ne sont pas étrangères” au marasme de ces marchés, car dégager des liquidités alors que les désinvestissements se font au rabais est de plus en plus difficile, poursuit-il. Le groupe bancaire Fortis est particulièrement sensible à ces conditions médiocres “car son équilibre financier est sous pression après l’énorme rachat d’ABN Amro”, poursuit M. Hofman. Pourtant Fortis, dont le bénéfice net avait diminué de près d’un tiers au premier trimestre et qui doit faire face à l’intégration des activités acquises d’ABN Amro, ne regrette pas cette acquisition de près de 24 milliards d’euros. “Cette reprise demeure la décision la plus sage que nous ayons prise. Mais à ce moment-là nous ne savions pas que les conditions du marché se détérioreraient à ce point”, a admis M. Votron. Le plan annoncé par Fortis prévoit une augmentation de capital de 1,5 milliard d’euros ainsi qu’une émission d’obligations d’un montant de 1,5 milliard d’euros. Fortis a également décidé de ne pas payer d’accompte sur dividende pour l’année en cours, ce qui devrait avoir un impact de 1,3 milliard d’euros. Enfin, la direction du groupe a l’intention de se dégager de biens immobiliers et d’actifs considérés comme “non stratégiques” qui devraient lui rapporter 3,5 milliards d’euros. “Bien que notre solvabilité actuelle soit solide, les mesures que nous annonçons ce jour nous permettent de préparer l’avenir, ce qui nous paraît prudent compte tenu du contexte actuel”, a expliqué M. Votron. A l’heure où Fortis dévoilait ses plans, en marge de la présentation du rapport annuel de la Commission bancaire pour 2007, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer appelait à la vigilance des banques, soulignant l’importance de la “gestion de la liquidité (…)” dans un monde financier globalisé, où “les canaux de contagion de turbulences financières peuvent être multiples”. Réagissant aux annonces de Fortis, l’agence de notation financière Standard & Poor’s a placé la note AA-/A-1+ de la dette à court et à long terme de la banque sous surveillance négative, alors que son homologue Fitch qualifie les perspectives de la dette du groupe de “stable”. Depuis le début de la crise américaine des “subprime” en 2007, de nombreux établissements bancaires ont souffert à des degrés divers de problèmes de liquidités et ont été contraints de chercher des fonds tous azimuts pour assurer leur solvabilité. Le dernier en date avant Fortis était sa concurrente pour la reprise d’ABN Amro, la banque britannique Barclays, qui a annoncé la semaine dernière qu’elle allait lever près de 6 milliards d’euros pour renforcer ses finances. |
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