[26/06/2008 22:29:01] WASHINGTON (AFP) Le conseil d’administration du brasseur américain Anheuser-Busch a rejeté jeudi “à l’unanimité” la proposition de reprise présentée par son rival belgo-brésilien Inbev, qui a déjà posé les premiers jalons d’une offre hostile sur le fabricant de la Budweiser. “La proposition d’Inbev sous-évalue de manière significative les actifs uniques et les perspectives d’Anheuseur-Busch”, a expliqué le groupe américain, qui la juge donc “pas du meilleur intérêt de ses actionnaires”. Inbev avait soumis il y a deux semaines à la direction d’Anheuser-Busch une offre de reprise non sollicitée mais présentée comme amicale, avec pour objectif de former l’incontestable numéro un mondial de la bière. Inbev proposait 65 dollars en numéraire par action Anheuser-Busch, un prix qui valorisait le brasseur américain à 46 milliards de dollars. Pour le groupe américain, cette offre “ne reflète pas la force des marques mondiales et légendaires Bud Light et Budweiser, les deux bières les plus vendues dans le monde” et distribuées dans plus de 80 pays. Il ne traduit pas non plus, selon son communiqué, le potentiel d’appréciation du titre résultant des initiatives prises par le groupe. Le conseil d’Anheuseur-Busch ne mentionne toutefois pas comment il entend convaincre ses actionnaires du bien-fondé de sa position. L’offre d’Inbev était de 35% supérieure au cours moyen du brasseur américain avant que n’apparaissent les rumeurs d’intérêt du groupe belgo-brésilien. Dans les transactions électroniques suivant la séance de bourse, le titre restait d’ailleurs en dessous du prix offert, à 61,90 dollars (+0,90%) vers 20H50 GMT. “Le conseil va continuer d’étuder toute les propositions qui renforcent la valeur pour les actionnaires”, a simplement mentionné Anheuser-Busch. Son communiqué souligne que la décision de rejeter les avances d’Inbev a été prise à l’unanimité, alors que la presse s’était faite l’écho de dissensions au sein du conseil d’administration. Le représentant du brasseur mexicain Grupo Modelo s’était toutefois fait excuser il y a quelques jours, en arguant de possibles conflits d’intérêt. Une des options d’Anheuser-Busch pour échapper à Inbev serait d’absorber cette société, qu’il détient déjà à 50%, en espérant devenir ainsi trop coûteux pour les finances du groupe belgo-brésilien. Selon la presse, Inbev s’attendait à une telle position du conseil d’administration de sa cible et va lancer une offre hostile, en s’adressant directement aux actionnaires du groupe de Saint-Louis (centre). Il a d’ailleurs effectué un premier pas en ce sens en déposant un recours pour autoriser un renouvellement complet du conseil d’administration. Inbev a indiqué, dans un communiqué, avoir saisi un tribunal du Delaware pour lui demander de confirmer que la législation de cet Etat autorisait bien aux actionnaires de demander par écrit, le remplacement des cinq administrateurs d’Anheuseur-Busch élus en 2006. Pour les huit autres administrateurs, élus par la suite, “il est clair” qu’ils peuvent être démis de leurs fonctions par les actionnaires “en vertu de la charte d’Anheuser-Busch et de la loi du Delaware”, affirme Inbev. Le capital d’Anheuseur-Busch est loin d’être verrouillé, la famille fondatrice de l’entreprise centenaire, les Busch, ne détenant plus que 4% du capital. Les gros investisseurs présents au capital, tel le milliardaire Warren Buffett, pourraient eux être plus sensibles aux arguments sonnants et trébuchants d’Inbev, même si le rachat d’une telle icône de l’Amérique profonde ne manquerait pas de susciter des protestations nationalistes. |
||
|