[27/06/2008 13:38:16] BERLIN (AFP) En Allemagne, les postes qui l’attendent “sont mal payés et peu reconnus”: comme de plus en plus de ses compatriotes Maria Weimer, bientôt docteur en droit, préfère donc faire carrière ailleurs, une “fuite des cerveaux” qui commence à sérieusement alarmer le gouvernement. En Italie, Maria Weimer, 30 ans, a trouvé de meilleures conditions pour terminer son doctorat. Et c’est également hors d’Allemagne qu’elle compte poursuivre pour le moment sa carrière. Dans quelques semaines, elle part s’installer à Bruxelles. En Allemagne, “le système universitaire est très formel et hiérarchisé”, explique-t-elle son choix. “En tant que professeur, on est un demi-dieu, mais les chances d’être professeur sont plus faibles que dans d’autres pays.” Comme elle, beaucoup de chercheurs mais aussi de cadres allemands tournent le dos à leurs pays. Au point que le gouvernement s’inquiète, à l’heure où le pays est confronté à un manque de main d’oeuvre qualifié qui handicape de plus en plus certains secteurs de l’économie. “Les raisons qui poussent les salariés qualifiés et dirigeants à s’expatrier durablement ne peuvent pas nous être indifférentes”, affirmait cette semaine le secrétaire d’Etat à l’Economie Walther Otremba, alors que son ministère rendait publique une étude sur les motivations des émigrés. L’an dernier, ce sont 165.000 Allemands qui ont mis les voiles. Destinations préférées: la Suisse, suivie des Etats-Unis et de l’Autriche. Dans beaucoup de cas, il s’agit de cadres, chercheurs ou travailleurs qualifiés, loin du cliché du retraité allemand qui part couler des jours heureux sous le soleil de Majorque. Pour 68% des personnes interrogées, le départ était motivé par de meilleures perspectives professionnelles et de revenus. Mais d’autres arguments sont souvent avancés, la vie dans une société “plus optimiste”, par exemple. Pour Tim Wooge, 35 ans, qui travaille pour un fonds d’investissement à Londres après avoir étudié aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, quitter l’Allemagne relevait au départ “plus d’une envie d’aventure que du souhait de maximiser ma carrière”. Mais au moment d’entrer dans la vie professionnelle, “les structures (en Allemagne) me paraissaient trop rigides pour faire carrière rapidement”, explique-t-il. En outre, “j’étais sûr que j’aurais plus d’opportunités dans la finance à Londres qu’à Francfort”. Ce raisonnement, il n’est pas le seul à le faire. Malgré une économie en forme et une nette embellie sur le marché du travail ces deux dernières années — le chômage a reculé de près de 3% entre 2005 et 2007 –, les ingénieurs, informaticiens et chercheurs qui font cruellement défaut aux entreprises allemandes privilégient des pays aux rémunérations plus élevées, aux impôts plus bas et où entreprises et universités sont moins hiérarchisées. Dans l’autre sens, les obstacles légaux et règlementaires à l’arrivée massive de travailleurs qualifiés restent nombreux, malgré les appels répétés des milieux économiques à ouvrir encore plus les frontières. Résultat, le manque de main-d’oeuvre coûte plus de 18 milliards d’euros par an à l’économie du pays. A un peu plus d’un an des prochaines élections législatives, le “brain drain” allemand commence à occuper les partis politiques. “L’Allemagne a besoin de baisses d’impôts”, conclut Dirk Niebel, secrétaire général du parti libéral FDP, reprenant un thème cher à son camp. Même diagnostic du côté des conservateurs du CDU/CSU au pouvoir. Petite consolation pour les uns et les autres, parmi tous ceux qui partent, certains finissant par revenir. C’est le cas de Tim Wooge, qui va s’installer à Francfort cet été. “Je n’ai jamais vraiment travaillé en Allemagne et j’aimerais faire cette expérience”, explique-t-il. Et ce même si “je m’attends à ce que ce ne soit pas si simple, après ma longue absence”. |
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