Economie tunisienne : le satisfecit de la Mission du FMI en Tunisie…

Par : Tallel

Une mission du Fonds Monétaire International (FMI), dirigée par M. Abdelhak
Senhadji, a séjourné à Tunis du 27 mai au 9 juin 2008 dans le cadre des
consultations régulières au titre de l’Article IV des statuts du FMI,
requérant une revue annuelle des politiques économiques de tous les pays
membres du FMI.

 

Les discussions ont porté sur les politiques économiques et les perspectives
économiques à court et moyen terme. La mission a bénéficié de discussions
sur un vaste nombre de sujets avec M. Taoufik Baccar, Gouverneur de la
Banque Centrale de Tunisie, de même qu’avec M. R. Kechiche, ministre des
Finances, M. Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération
internationale, M. Afif Chelbi, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des
PME, M. Ali Chaouch, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des
Tunisiens à l’Étranger, M. Ridha Touiti, ministre du Commerce et de
l’Artisanat, M. Khelil Lajimi, ministre du Tourisme, M. Moncef Bouden,
Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Finances, M. A. Daâloul, Secrétaire
d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques,
et M. A. Triki, Secrétaire d’Etat auprès du ministre du Développement et de
la Coopération internationale.

 

La mission a également rencontré d’autres membres du gouvernement et de
l’administration, les représentants du secteur bancaire et du monde des
affaires, ainsi que les partenaires sociaux. Les services du FMI tiennent à
remercier vivement les autorités tunisiennes pour leur excellente
collaboration et la haute qualité des discussions, leur accueil chaleureux
habituel et leur disponibilité entière.

 

La bonne gestion de l’économie et la politique sociale continuent de porter
leurs fruits, notamment à travers une accélération de la croissance, une
amélioration des indicateurs sociaux et la préservation des grands
équilibres macroéconomiques.

 

La Tunisie a enregistré une excellente performance économique en 2007. La
croissance du PIB réel s’est accélérée pour atteindre 6,3%, contribuant à la
diminution du chômage. La politique monétaire prudente de la BCT a permis de
réduire l’inflation à 3,1%, bien qu’elle se soit accélérée récemment surtout
en raison de nouvelles flambées des cours mondiaux des produits alimentaires
et pétroliers. Le déficit du compte courant s’est creusé passant de 2% du
PIB en 2006 à 2,6% en 2007, dû essentiellement à une détérioration des
termes de l’échange, mais demeure soutenable. Il a toutefois été amplement
financé par les investissements directs étrangers qui ont par ailleurs
permis aux réserves internationales d’atteindre un peu plus de 8½ milliards
de dollars EU à la fin du premier trimestre de 2008. Le déficit budgétaire a
été maintenu dans la limite de la cible de 3% du PIB fixée pour 2007 en
dépit de l’augmentation des subventions liées aux produits alimentaires et
pétroliers. La politique budgétaire prudente et l’utilisation d’une partie
du produit des privatisations ont contribué à réduire la dette publique de
53,9% du PIB en 2006 à 50,9% en 2007.

 

La politique dynamique des autorités a permis de renforcer davantage la
solidité du système bancaire grâce notamment à une baisse du taux de
créances classées en pourcentage des créances totales de 19,3% en 2006 à
17,3% en 2007, et une augmentation du taux de provisionnement de 49,2% en
2006 à 53,8% en 2007.

 

La conjoncture internationale difficile devrait quelque peu ralentir
l’activité économique, mais les perspectives restent encourageantes. La
croissance du PIB réel en 2008 resterait relativement forte à 5,5%.
L’inflation pourrait se situer aux alentours de 5%. La flambée des cours
mondiaux de produits alimentaires et pétroliers va augmenter de façon
sensible les subventions. Toutefois, le déficit budgétaire pourrait être
maintenu dans la limite de 3% du PIB prévue par la loi de finances. Le
déficit du solde des transactions courantes augmenterait entre 3% et 3,5% du
PIB à cause du renchérissement des produits alimentaires et pétroliers. Les
perspectives à moyen terme restent favorables. Les mégaprojets devraient
soutenir la croissance. Vu leur envergure, il est souhaitable de les
intégrer rapidement dans le cadre macroéconomique à moyen terme pour pouvoir
mieux gérer leur impact et maîtriser les risques potentiels,
particulièrement ceux associés aux projets immobiliers.

 

Le défi principal actuel est de limiter l’impact de la flambée des prix
internationaux des produits alimentaires et pétroliers et des perturbations
financières mondiales sur l’inflation et la croissance afin de réduire
davantage le taux de chômage encore relativement élevé, notamment chez les
jeunes diplômés. Ceci nécessite la poursuite des réformes structurelles et
la préservation des équilibres macroéconomiques. Dans ce but, la mission
estime que la politique monétaire prudente poursuivie par la Banque Centrale
est appropriée mais pourrait nécessiter un resserrement supplémentaire si
les pressions inflationnistes devaient s’intensifier. La politique monétaire
devrait aussi s’appuyer sur une politique de change plus flexible. Les
autorités sont confrontées à un arbitrage délicat entre le besoin de
maintenir le pouvoir d’achat des Tunisiens face à la flambée des prix
internationaux des produits alimentaires et pétroliers et préserver la
viabilité des finances publiques à moyen et long terme. Vu l’augmentation
très rapide des subventions directes et indirectes liées à ces produits, que
les autorités estiment actuellement à 7,1% du PIB et la forte probabilité
que les cours mondiaux élevés actuels perdurent, la réforme en cours du
système des subventions visant à améliorer son ciblage devrait être
poursuivie parallèlement à la poursuite de la politique de maîtrise de
l’énergie.

 

Le système financier devrait continuer à se renforcer pour absorber les
chocs potentiels pouvant affecter la Tunisie au fur et à mesure qu’elle
s’intègre à l’économie mondiale. Il importe, entre autres, de s’assurer de
l’adaptation en permanence des dispositifs de réglementation et de
supervision à l’évolution du secteur financier international. La mission
encourage les autorités dans la mise en œuvre du dispositif de Bâle II.

La Tunisie a récemment accompli d’importants progrès dans l’amélioration du
climat des affaires. Ainsi la nouvelle loi relative à l’initiative
économique, promulguée en décembre 2007, vise à favoriser la création
d’entreprises. Les autorités poursuivent la libéralisation graduelle des
opérations du compte du capital. Enfin, la Tunisie poursuit ses efforts pour
renforcer son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le
financement du terrorisme.

 

Les autorités continuent à intégrer davantage l’économie tunisienne à
l’économie régionale et mondiale, en dépit de la conjoncture. La
libéralisation des échanges commerciaux se poursuit, notamment dans le cadre
de l’accord d’association avec l’UE, lequel a abouti au libre-échange en
2008. Les négociations continuent en ce qui concerne les biens agricoles et
les services. La Tunisie s’emploie en outre activement à promouvoir
l’intégration régionale et a conclu divers accords commerciaux bilatéraux.

 

Cette revue sera conclue par la préparation d’un rapport qui sera discuté
par le Conseil d’Administration du FMI en août 2008.

 

Les conclusions
préliminaires de la mission ainsi que le rapport final seront publiés sur le
site web du FMI :

www.imf.org/external/country/TUN/index.htm