CJD : Internet sans langue de bois


Par Mohamed Fateh

Nos jeunes dirigeants n’ont pas froid aux yeux. Lors d’un déjeuner-débat
organisé le 28 juin dans un hôtel de la place, avec pour sujet central «les
technologies de l’information et de la communication avant et après le SMSI»,
ils n’ont pas ménagé leurs critiques. Et c’est le moins que l’on puisse
dire.

 

L’un des intervenants a même demandé, reprenant l’un des titres d’articles
publiés sur Webmanagercenter, ce que l’on allait faire «avec les nouveaux
noms de domaine du style .couscous». Le représentant de votre portail s’est
contenté de sourire, et n’a pas réclamé de droit d’auteur ! Même si la
question a visiblement été éludée.

 

L’invité d’honneur, Mme Lamia Chaffai, secrétaire d’Etat chargée de
l’Informatique, d’internet et des Logiciels libres, auprès du ministère des
Technologies de la communication, a brossé l’Etat des lieux. Avec force
chiffres, comme il se doit. Rappelant les performances de notre économie, et
même son leadership au niveau arabo-africain, en ce qui concerne les TIC.
Une position attestée par divers classements d’organismes internationaux,
comme celui du Forum de Davos. Des efforts reflétés par la part croissante
des TIC dans notre PIB.

 

Mais tout le monde ne voyait pas les choses de la même manière. Les jeunes
dirigeants, décidément remontés, ne l’entendaient pas de cette oreille. Les
intervenants du CJD, qui n’ont pas la langue dans leur poche, ont notamment
reproché, «ces mails qui n’arrivent pas à destination, et les sempiternels
problèmes de connexion».

 

Mme la secrétaire d’Etat, sans se départir de son sourire, a rétorqué que
«80% des mails sont des spams, ce qui crée des goulets d’étranglement». Les
newsletters, cet outil de travail des portails en ligne n’ont pas été
évoqués. Et visiblement, l’assistance avait d’autres priorités.

 

Comme ces sites de nos ministères «qui ne connaissent pas les mises à jour,
et qui ne contiennent pas toutes les informations que l’on est en droit
d’attendre. Autre chose, encore. Ce que Ghazi Ben Slam, membre du CJD, a
appelé «les zones d’ombre de l’ADSL». Ce qu’il veut dire par là ? Tout
simplement que certaines zones, même touristiques, ne bénéficient pas de
connexions dignes de ce nom.

 

Un représentant de notre économie numérique, Khaled Driss, qui travaille
pour Oxia, a, à son tour, souligné le manque d’intérêt des sociétés privées
pour les outils informatiques, tels que les systèmes d’information évolués.
Alors que les TIC sont justement censés faire baisser les coûts de
transactions. Vendre sur le Net revient théoriquement moins cher, mais nos
sociétés ne semblent guère motivées !

 

Soutenu par notre Agence Tunisienne d’Internet (ATI), et par l’Internet
Society, le CJD a lancé un programme de formation au profit des jeunes
entrepreneurs, pour les former aux technologies du web. Les centres
régionaux de nos jeunes dirigeants vont aussi profiter de l’aide du FAMEX,
mis à contribution, pour favoriser le développement des exportations. Mais
alors, de quoi se plaignent-ils?

 

Un responsable, dans une tentative de calmer les esprits, appela à «tirer un
vrai bilan. C’est-à-dire de tenir compte, aussi, des éléments positifs».
Histoire de modérer les considérations plutôt acides de l’assistance.
Toujours est-il que l’on a assisté à de vrais débats, avec des orateurs qui
soulèvent de vrais problèmes, sans langue de bois, et loin du ronronnement
habituel. De quoi faire bouger les «choses». Du moins, on l’espère !