Divisée, l’industrie pétrolière aborde à Madrid une phase critique de son histoire

 
 
[01/07/2008 18:11:22] MADRID (AFP)

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ésident du groupe pétrolier chinois Cnooc, Chengyu Fu, le 1er juillet 2008 à Madrid (Photo : Philippe Desmazes)

L’industrie pétrolière réunie mardi à Madrid s’accorde à penser qu’elle vit un tournant de son histoire, mais ses acteurs, entreprises, pays consommateurs et producteurs, affrontent les défis avec des visions divergentes du futur, présageant de nouvelles hausses de prix du brut.

Les principales figures du secteur pétrolier ont fait un constat unanime mardi à l’occasion du XIXe Congrès mondial du pétrole : leur industrie vit un tournant de son histoire, avec des prix qui ont dépassé les 140 dollars, des besoins en plein essor dans les pays émergents, de graves incertitudes pesant sur l’économie mondiale, et, en toile de fond, le soupçon que les réserves d’or noir puissent s’épuiser plus rapidement que prévu.

“Les pays de l’OCDE consomment 17 barils par personne et par an. En comparaison les pays en développement n’en consomment que 2,5. Si dans les 20 prochaines années les habitants de ces régions consommaient 5 barils par an et par personne, nous aurions besoin de 25 millions de barils supplémentaires par jour” au niveau mondial, soit 25% de plus que la production actuelle, a ainsi souligné Chengyu Fu, le président du groupe pétrolier chinois Cnooc.

Cependant, un profond fossé continue de séparer pays consommateurs et producteurs quant à la manière d’aborder ces défis.

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ésident de l’Opep, l’Algérien Chakib Khelil, le 1er juillet 2008 à Madrid (Photo : Philippe Desmazes)

De son côté, l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), qui assure à elle seule 40% de l’offre mondiale, souligne les “incertitudes énormes” pesant sur la demande. Son président, l’Algérien Chakib Khelil, a ainsi réclamé “une demande future (de pétrole) crédible” capable de garantir aux producteurs un “retour sur investissement correct”, avant d’engager des investissements pétroliers massifs.

L’Opep, qui a ignoré depuis septembre les appels à relever ses quotas de production, s’inquiète notamment du ralentissement économique mondial en cours et de “l’incertitude sur les prix du pétrole” qui sont très volatils et pourraient “se stabiliser” à des niveaux très inférieur aux cours actuels, selon son président.

Le , à la tête de la première puissance pétrolière du cartel, a estimé mardi qu’il revenait aux pays consommateurs de s’adapter à des cours élevés du brut.

“Les pays consommateurs doivent s’adapter aux prix et aux mécanismes du marché” pétrolier, a déclaré le souverain, qui avait pourtant invité quinze jours plus tôt à Djeddah les décideurs du monde entier à venir chercher ensemble des remèdes à la flambée des prix.

Pour leur part, les pays consommateurs redoutent que l’offre de pétrole échoue à répondre d’ici quelques années à l’essor de la demande.

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étrole depuis 1972, au 27 juin 2008

L’Agence internationale de l’énergie (), qui défend leurs intérêts, considère ainsi que le “premier facteur derrière l’actuelle envolée des prix est une forte croissance de la demande dans des pays fortement peuplés, avec en face une croissance limitée de l’offre au cours des dernières années”.

Le patron du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a souligné l’extrême difficulté d’accroître l’offre de brut, qui devrait, selon lui, plafonner à 95 millions de barils par jour d’ici 2012.

Il a rappelé l’industrie s’attaquait à des projets de plus en plus complexes, par exemple en eaux profondes, avec des normes environnementales de plus en plus strictes et des problèmes de sécurité importants.

“Le prix du pétrole est élevé parce que nous avons besoin de prix élevés pour justifier” ces investissements colossaux, a-t-il affirmé, précisant que les compagnies pétrolières ne commençaient à gagner de l’argent qu’après avoir amorti l’équivalent de 80 dollars par baril.

 01/07/2008 18:11:22 – Â© 2008 AFP