Le Mercosur condamne les subventions agricoles et la politique d’immigration européenne

 
 
[01/07/2008 20:54:35] TUCUMAN (AFP)

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ésident vénézuélien Hugo Chavez au sommet du Mercosur le 1er juillet à Tucuman au nord de l’Argentine (Photo : Juan Mabromata)

Les présidents du marché commun sud-américain Mercosur, réunis mardi à Tucuman, au nord de l’Argentine, ont manifesté leur hostilité à la politique d’immigration européenne et leur inquiétude face à la crise alimentaire mondiale et aux subventions agricoles.

Les présidents Cristina Kirchner (Argentine), Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil), Nicanor Duarte (Paraguay), Evo Morales (Bolivie), Hugo Chavez (Venezuela), Michelle Bachelet (Chili) et Tabaré Vazquez (Uruguay), et des ministres représentant l’Equateur, la Colombie et le Pérou s’apprêtaient à condamner avec fermeté et sans surprise la nouvelle politique d’immigration de l’Union européenne (UE), dite “directive retour” perçue sur le continent sud-américain comme manifestation xénophobe.

“Nous allons hausser le ton d’une même voix” contre la loi de l’UE favorable à l’incarcération et à l’expulsion des étrangers en situation irrégulière sur le sol européen, a averti la présidente chilienne, Michelle Bachelet.

Un peu plus tôt, Lula s’est inquiété que “le vent froid de la xénophobie souffle une nouvelle fois de fausses réponses aux défis de l’économie et de la société”, dans une intervention trahissant déjà la teneur de la déclaration de Tucuman.

“C’est indigne”, a affirmé pour sa part Hugo Chavez, aux yeux duquel la directive européenne apparaît comme “la loi de la honte, de l’ignominie”.

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ésident brésilien Luiz Inacio Lula Da Silva le 1er juillet 2008 à Tucuman au nord de l’Argentine pour le sommet du Mercosur (Photo : Juan Mabromata)

Le Bolivien Evo Morales a annoncé qu’il n’écartait pas l’adoption de mesures de représailles contre ce texte européen adopté le 17 juin par l’UE et qu’il a baptisé la “Directive de la honte”, évoquant par exemple l’interruption des négociations commerciales en cours entre la Communauté andine des Nations et l’UE.

“Les droits de l’Homme doivent être respectés, les droits des émigrants. Personne n’émigre par plaisir, on ne s’y résout que par nécessité”, a souligné de son côté le président uruguayen Tabaré Vazquez.

Dans le même souci, mardi, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a mis en garde la présidence française de l’UE contre un durcissement de la politique migratoire qui se ferait aux dépens des droits des réfugiés.

Le sommet du Mercosur a aussi examiné la crise alimentaire mondiale alors que l’Onu s’est alarmé du risque de voir de 800 à 860 millions d’êtres humains confrontés à la faim. En Amérique latine, près de 200 millions de personnes, soit 40% de la population, vivent dans la pauvreté.

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ésidente chilienne Michelle Bachelet le 1er juillet 2008 à Tucuman au nord de l’Argentine (Photo : Juan Mabromata)

A l’ouverture de la réunion, Mme Kirchner a rappelé qu'”il y a peu de temps encore, personne n’imaginait que le problème alimentaire s’étendrait si rapidement, avec des scènes dignes du Moyen-Age, des gens qui meurent en se battant pour des miettes de nourriture, pour un croûton de pain”.

La présidente argentine a attiré également l’attention sur la hausse des prix du pétrole, qui flirte avec les 140 dollars pour un baril, et ceux du soja – dont son pays est le premier producteur mondial – à quasi 600 dollars la tonne.

“Le +casino+ de la finance est devenu désormais le +casino+ des aliments”, s’est indignée Mme Kirchner dont le gouvernement est confronté à un conflit, d’une ampleur sans précédent, avec les agriculteurs en grève contre la fiscalité élevée à laquelle sont soumises les exportations agricoles.

Enfin, la réunion du Mercosur a appelé le monde industrialisé à “une réduction substantielle des subventions à l’agriculture et l’élimination graduelle des subventions à l’exportation”.

Les subsides “affectent négativement la production agricole de nombreux pays en développement et leur sécurité alimentaire”, se sont en outre inquiété les ministres de l’Economie du Mercosur lundi, dans une déclaration sur le Cycle de Doha de l’Organisation mondial du Commerce (OMC).

 01/07/2008 20:54:35 – Â© 2008 AFP