Social/UE : la Commission clame sa bonne volonté malgré des ambitions limitées

 
 
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à Helsinki (Photo : Roni Rekomaa)

[02/07/2008 14:38:09] BRUXELLES (AFP) Souvent accusée d’être trop libérale, la Commission européenne a présenté mercredi une série de mesures censées prouver son “engagement social”, mais leur portée reste limitée, les pays de l’UE, France en tête, rechignant à la laisser innover dans ce domaine.

Renforcement de la lutte contre les discriminations subies au quotidien pour des raisons d’âge, de handicap, d’orientation sexuelle ou de religion; meilleure application des droits aux soins médicaux à l’étranger; consultation en amont des salariés en cas de restructurations trans-nationales: la Commission a dévoilé une avalanche de propositions visant à montrer son “approche holistique” des problèmes sociaux, selon le commissaire aux Affaires sociales Vladimir Spidla.

“La position de la Commission a toujours été que le progrès social et le progrès économique vont de pair”, a déclaré M. Spidla. Mais dès la publication de ses projets mercredi, une pluie de reproches est tombée.

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çu le 1er juillet 2008 par Sarkozy (Photo : Gérard Cerles)

Les Chambres de commerce européennes ont dénigré un “patchwork” de mesures. Les communistes du Parlement européen ont dénoncé l’hypocrisie de la Commission, les Verts l’ont accusée de se “détourner des vrais problèmes” pour faire “des relations publiques”. La Confédération européenne des syndicats a jugé que le paquet globalement “manquait d’ambition”.

Conscient des déceptions, le commissaire tchèque a rappelé qu’en matière sociale, “les initiatives restent principalement de la responsabilité des Etats membres, et doivent être décidées au niveau le plus proche possible des citoyens”.

“Si vous voulez le progrès social, n’attendez pas seulement qu’il vienne de Bruxelles (…), il faut tous travailler ensemble de façon complémentaire”, a-t-il ajouté.

Ce discours s’adressait en partie au chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy qui, à la veille de prendre la présidence de l’UE lundi, a encore estimé que l’Europe ne “protégeait” pas assez ses citoyens face aux risques de la mondialisation.

Si l’Europe sociale a beaucoup patiné jusqu’ici, c’est aussi en raison de profondes divergences entre Etats, illustrée par les frictions entre Français et Britanniques sur des législations comme le temps de travail ou le traitement des intérimaires.

Une source proche de l’Elysée a reconnu d’ailleurs mardi que le social restait “la compétence des Etats”, et que la réponse au “non” irlandais ne devait pas être “une harmonisation forcée sur tous les sujets”.

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és annoncées pour la présidence française de l’UE

Pendant que Bruxelles et Paris se mettent mutuellement au défi de faire plus de social -et en attendant l’examen des textes par les pays membres et les eurodéputés dans les deux ans qui viennent – patrons et syndicats croisent déjà le fer sur la mesure peut-être la plus concrète présentée mercredi en matière de “protection” face à la mondialisation.

Bruxelles propose en effet d’améliorer l’information et la consultation des comités européens d’entreprises, pour s’assurer que les salariés ne seront pas mis devant le fait accompli en cas de restructurations transnationales.

Et éviter ainsi des conflits sociaux comme ceux qui ont suivi la décision de fermer une usine Volkswagen à Bruxelles et le transfert d’une usine Nokia d’Allemagne en Roumanie.

La Confédération européenne des syndicats l’a qualifiée de “modeste avancée”.

L’association patronale européenne BusinessEurope a elle au contraire dénoncé un texte qui créera de “grandes difficultés pour les entreprises et ne facilitera pas le dialogue social”.

Seul le projet de loi sur la lutte contre les discriminations a été globalement bien accueilli. Même si BusinessEurope craint une “ingérence” dans le fonctionnement de certaines entreprises de services.

 02/07/2008 14:38:09 – Â© 2008 AFP