[03/07/2008 18:01:37] FRANCFORT (AFP)
Confrontée à une inflation record en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi de relever d’un quart de point à 4,25% son principal taux directeur, un geste délicat à un moment où l’économie s’essouffle. A Londres, l’euro restait stable à 1,5880 dollar après cette décision largement attendue. Le président de la BCE, le Français Jean-Claude Trichet, doit tenir une conférence de presse à partir de 12H30 GMT. Il avait déjà annoncé la couleur il y a un mois, quand il avait évoqué la possibilité d’un tour de vis le 3 juillet pour juguler les dangers de surchauffe inflationniste. Entre-temps, l’augmentation des prix à la consommation a atteint le seuil record de 4% sur un an en juin, selon un chiffre provisoire, essentiellement à cause du pétrole cher et de l’envolée des prix des aliments face auxquels la BCE est impuissante. En remontant ses taux, elle veut toutefois éviter que ces tensions persistantes ne contaminent l’ensemble de l’économie et se muent en un dérapage durable des prix. Sa mission prioritaire consiste à garder les prix stables à moyen terme, à savoir légèrement en dessous de 2% de hausse. La pertinence d’un tour de vis monétaire a été mise en cause par certains responsables politiques des pays membres de la zone euro, dont l’Espagne et la France. “La hausse de taux souligne la détermination de la banque à faire baisser l’inflation, même en présence de preuves évidentes d’une croissance qui ralentit”, a commenté Jennifer McKeown, analyste chez Capital Economics. De nouvelles statistiques publiées jeudi illustrent la santé défaillante de la conjoncture. L’indice composite PMI de la zone euro, qui synthétise l’activité des secteurs des services et manufacturiers, a été encore moins bon que prévu en juin, montrant les premières baisses d’activité depuis 5 ans. Et si les ventes de détail ont rebondi en mai, faisant mieux que prévu avec une hausse de 1,2% sur un mois, cela ne compense pas les piètres performances des mois précédents et ne marque pas, selon des économistes, le début d’une relance de la consommation. “Les temps sont très difficiles pour la BCE”, car les taux d’inflation devraient dépasser les 4% dans le court terme, note de son côté Aurelio Maccario, économiste chez Unicredit. Pour lui, la détérioration en cours de l’économie ne lui permettra sans doute pas d’aller plus loin dans le durcissement des taux. Les marchés et certains de ses confrères pensent autrement et misent sur un deuxième geste à l’automne. D’autres banques centrales ont déjà resserré les vis du crédit pour combattre l’inflation. Jeudi, la Banque de Suède a relevé d’un quart de point de pourcentage son taux directeur pour le porter à 4,50% et n’a pas exclu de le relever à plusieurs reprises cette année. La Russie et le Brésil avait aussi remonté le leur en juin. Les deux taux de la BCE qui encadrent le taux de refinancement ou “refi” ont eux aussi été relevés d’un quart de point à 3,25% pour le plancher et 5,25% pour le plafond, a aussi annoncé une porte-parole de la BCE. Ces facilités sont peu utilisées par les banques. A l’unisson de la Banque centrale européenne (BCE), les banques centrales scandinaves ont décidé de durcir leur politique monétaire afin de tenter de juguler les poussées inflationnistes dans la région marquée par un net ralentissement économique. Jeudi, la banque centrale suédoise (Riksbank) et la banque centrale danoise ont toutes deux annoncé leur décision de relever d’un quart de point de pourcentage leur principal taux directeur le taux repo pour le porter respectivement à 4,50% et 4,60%. La semaine dernière, leur homologue norvégienne avait déjà amorcé le mouvement en augmentant son taux folio (dépôts à vue) de 0,25 point à 5,75%. Les trois pays scandinaves ne font pas partie de la zone euro mais sont confrontés comme ailleurs en Europe à une montée des prix à la consommation à commencer par ceux de l’énergie, des carburants et des produits alimentaires. En Suède, l’inflation s’est accélérée en mai à 4,0% en glissement annuel contre 3,4% le mois précédent, selon des données communiquées par le Bureau central de la statistique suédois (SCB). Ce taux est deux fois supérieur à l’objectif des 2,0% fixé par la banque centrale suédoise. Au Danemark, le taux d’inflation s’est établi le même mois à 3,4% après 3,2% en avril, selon l’office national des statistiques. La Norvège, qui n’est pas membre de l’Union européenne, n’a pas été épargnée par la montée des prix avec une inflation qui s’est élevée à 3,1% en mai. Comme la BCE, les banques centrales scandinaves redoutent que l’inflation ne s’installe durablement à un niveau élevé alors qu’elle s’est établie dans la zone euro au niveau record de 4,0% en juin. |
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