[03/07/2008 16:23:39] PARIS (AFP) L’annonce jeudi par Nicolas Sarkozy d’un deuxième projet de réacteur nucléaire de 3è génération EPR en France va aviver la concurrence entre EDF, principal exploitant des centrales françaises, et le nouveau groupe GDF Suez, qui veut aussi développer des centrales de ce type. Le président de la République a annoncé jeudi la construction en France d’un deuxième réacteur nucléaire de troisième génération EPR, conçu par le groupe nucléaire français Areva. Mais il n’a pas précisé où ce réacteur, destiné à équiper une centrale de production d’électricité, sera construit, ni par qui il sera exploité. Il a seulement souhaité qu’une décision d’implantation soit prise “d’ici à 2009”, et que la “première pierre soit posée en 2011”. Ce réacteur à eau sous pression (European Pressurised water Reactor) est issu d’une technologie franco-allemande développée par Areva. EDF s’est dit aussitôt prêt jeudi à “s’engager dans ce projet”, en faisant valoir qu’il construisait actuellement l’autre EPR en chantier en France, à Flamanville (Manche, nord-ouest). Cette centrale, dont la construction a débuté en décembre, doit entrer en service en 2012 et sera exploitée par EDF et le groupe d’énergie italien Enel. Le groupe français d’électricité justifie la construction d’un deuxième EPR par “un contexte d’augmentation de la demande d’électricité” et les “contraintes liées au réchauffement climatique”. L’électricité nucléaire émet beaucoup moins de CO2 que celle fabriquée avec du charbon ou du gaz. Mais EDF, qui exploite les 58 réacteurs de deuxième génération actuellement en fonctionnement en France, devra compter à partir de la mi-juillet sur un concurrent de taille, le nouveau groupe GDF Suez.
GDF Suez, issu de la fusion entre le groupe d’énergie, d’eau et de déchets Suez et Gaz de France, entend exploiter une centrale nucléaire de nouvelle génération en Europe et décidera en 2009 du lieu d’implantation. Suez fait valoir qu’il a déjà conclu en janvier un partenariat avec Areva et le groupe pétrolier français Total pour proposer deux EPR aux Emirats arabes unis, qu’il a embauché 700 ingénieurs du secteur en 2007 et prévoit d’en embaucher 700 autres. Suez exploite déjà sept réacteurs nucléaires de deuxième génération en Belgique, ainsi que des tranches nucléaires en France. Pourtant, selon Colette Lewiner du cabinet Cap Gemini, EDF “n’est pas très allant” pour construire un deuxième EPR car il “doit d’abord améliorer la disponibilité de ses réacteurs” actuels, dont le taux d’utilisation a chuté à 80,2% en 2007, contre 90% pour Suez. En outre, EDF “considère que la France a surtout besoin de centrales de pointe”, comme les centrales à gaz ou à charbon, plus facilement mobilisables qu’une centrale nucléaire pour répondre aux fortes demandes, selon elle. Mme Lewiner soutient pour sa part qu’un nouvel EPR permettra à la France d'”exporter davantage” d’électricité vers ses voisins, d’autant que cette électricité, selon M. Sarkozy, est 30 à 50% moins chère que l’électricité d’une centrale à gaz ou au charbon. Mais cela nécessitera de “renforcer les interconnexions”, ces lignes électriques permettant l’échange d’électricité entre deux pays, précise Mme Lewiner. Pour l’analyste du CM-CIC, Patrice Lambert de Diesbach, “le mieux placé pour ce 2ème EPR est GDF-Suez” qui constituerait “l’alternative nucléaire française à EDF”. |
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