Pétrole : le Congrès de Madrid s’achève sans espoir de voir les prix baisser

 
 
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ère puissance pétrolière mondiale, le Saoudien Ali al-Nouaïmi, le 3 juillet 2008 à Madrid (Photo : Philippe Desmazes)

[03/07/2008 19:04:09] MADRID (AFP) Le XIXe Congrès mondial du pétrole a pris fin jeudi à Madrid sans espoir de voir baisser les prix, qui ont dépassé 146 dollars, alors que les coûts de production explosent, que l’Opep nie tout problème d’offre, et sur fond de tensions géopolitiques dans le Golfe.

Le cours de l’or noir s’achemine vers les 150 dollars le baril, avec un record historique à 146,69 dollars jeudi matin. Son prix a plus que doublé par rapport à l’an dernier et bondi de près de 50% depuis le début de l’année.

Les participants au Congrès de Madrid, parmi lesquels figurait le gratin du secteur, comme le président de l’Opep, le ministre saoudien du pétrole, le patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et les patrons des principales majors ont tous estimé que le pétrole bon marché était terminé.

Bon nombre d’entre eux ont aussi déclaré qu’il pouvait grimper beaucoup plus.

De Bakou, le PDG du géant gazier russe Gazprom Alexeï Miller a d’ailleurs tablé sur un baril “prochainement” à 250 dollars.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a rejeté tout au long du congrès les appels des pays consommateurs à augmenter son offre pour soulager les prix. Selon l’AIE, qui défend les intérêts des consommateurs, elle n’a pas engagé les investissements suffisants pour répondre à la demande future.

Le ministre de la première puissance pétrolière mondiale, le Saoudien Ali al-Nouaïmi, s’est montré confiant dans le fait que le pétrole allait rester incontournable pendant longtemps et s’en est pris vertement à l’engouement pour les énergies renouvelables.

“Le pétrole n’a actuellement pas de rival capable de transporter l’humanité de façon sûre, efficace et rentable”, a-t-il dit jeudi.

Aux doutes sur les capacités de production s’ajoute l’explosion des coûts de production à laquelle est confrontée l’industrie pétrolière.

“Il ne faut pas s’attendre à ce que les prix baissent fortement” car les coûts de matériel, de main-d’oeuvre et d’exploration explosent, a déclaré jeudi le président du brésilien Petrobras, Sergio Gabrielli.

Christophe de Margerie, le patron du français Total, avait déjà évoqué ce sujet à Madrid en estimant que le coût de production des pétroles exploités dans les territoires lointains ou les eaux profondes, se chiffrait à 80 dollars par baril.

Signe des temps, les pétroles non conventionnels connaissent un essor sans précédent, devenus rentables avec un baril cher, et qui alimentent eux-même la flambée en raison des coûts d’exploitations supérieurs au pétrole conventionnel.

L’Inde a annoncé jeudi qu’elle était prête à investir jusqu’à 10 milliards de dollars (6,34 milliards d’euros) dans les sables bitumineux du Canada, une mixture dense d’eau, de sable et de pétrole, dont l’exploitation suscite l’opposition des écologistes.

“Pour l’avenir, sachant que les ressources de pétrole et de gaz s’assèchent partout et que les prix grimpent si haut, cette production à partir de sables bitumineux est une bonne proposition commerciale”, a ainsi expliqué à l’AFP R.S. Sharma, le PDG de la compagnie pétrolière indienne ONGC.

Point de répit non plus sur le front des tensions géopolitiques, l’un des facteurs contribuant – de l’avis aussi bien des consommateurs que des producteurs – aux prix élevés: l’Iran, le quatrième producteur mondial, a entretenu durant le Congrès sa rhétorique guerrière en promettant une riposte “féroce” aux pays occidentaux qui pourraient engager des actions contre son programme nucléaire. Le secrétaire général de l’Opep, Abdallah el-Badri, a rappelé jeudi qu’il serait “difficile” de compenser un déficit de production de plus que 4 millions de barils iraniens.

Le prochain Congrès mondial du pétrole aura lieu en 2011 à Doha, au Qatar.

 03/07/2008 19:04:09 – Â© 2008 AFP