[04/07/2008 18:51:41] PARIS (AFP)
La Poste étudie un changement de son statut pour devenir une société anonyme et ainsi mieux résister à la concurrence, une transformation qui permettrait à terme à l’établissement public d’ouvrir son capital, mais qui suscite un tollé parmi les syndicats. “La Poste réfléchit à une évolution de son statut pour devenir une société anonyme, mais aucun projet n’a été présenté au gouvernement”, a indiqué vendredi à l’AFP une porte-parole du groupe, confirmant des informations de presse. Selon le quotidien Le Monde daté de samedi, le président de La Poste Jean-Paul Bailly “a mis à l’étude la transformation du groupe, aujourd’hui doté du statut d’exploitant autonome de droit public, (…) en une société anonyme (SA)”, un projet “élaboré depuis plusieurs mois dans la plus grande discrétion”. L’adoption d’un nouveau statut est présenté par le groupe comme une nécessité pour faire face à la libéralisation totale du marché du courrier en 2011. La Poste pourrait annoncer dans le même temps une “ouverture du capital limitée” du groupe, avec une “part significative d’actions réservées aux salariés”, comme lors de la mise en Bourse d’EDF en novembre 2005, ajoute le Monde. “L’Etat restera majoritaire dans le capital”, selon une source proche du dossier, citée par le journal. Interrogé par l’AFP, l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde a de son côté indiqué que “rien n'(était) décidé”. “Il est normal de réfléchir à l’avenir de La Poste. Mais, à l’heure actuelle, il n’y a aucun calendrier ou décision de prise”, a-t-on ajouté de même source. “La plupart des entreprises européennes ont fait évoluer leur statut, (…) certaines allant même jusqu’à l’entrée en Bourse, comme en Hollande ou en Allemagne”, a expliqué Bercy. “Quoi qu’il arrive, les missions de service public de La Poste seront absolument maintenues”, a souligné l’entourage de Mme Lagarde, cherchant à rassurer les syndicats, qui ont immédiatement fait part de leur inquiétude. C’est une “déclaration de guerre contre les salariés de l’entreprise”, ont réagi Force Ouvrière et la CFTC, demandant à la direction une réunion rapide avec les syndicats. Tout aussi virulente, la CFDT a dénoncé une “tentative de coup de force”. Pour la CGT-Poste, cette transformation “serait ni plus ni moins une privatisation de l’entreprise, qui n’aurait alors plus rien à voir avec le service public”, laissant craindre des “milliers de suppressions d’emplois”. Abondant dans le même sens, Sud met en garde contre “la fin du service public”, car “quelle que soit la part du capital détenue par l’Etat, (il) pousserait inévitablement (La Poste) dans une logique exclusivement financière”. Si aucune décision concrète n’a été prise à ce jour, ce changement pourrait toutefois intervenir assez vite: les pouvoirs publics “pourraient profiter de la transposition en droit français de la troisième directive européenne postale sur la libéralisation du marché pour faire passer ce nouveau statut”, c’est-à-dire “début 2009”, indique Sud-PTT. La Poste a déjà entamé sa mue, poussée à jouer la concurrence européenne sur l’injonction de Bruxelles: elle a décidé cette année de verser pour la première fois, grâce à ses bons résultats 2007, un intéressement à ses salariés et un dividende à l’Etat. |
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