[06/07/2008 14:06:13] PARIS (AFP) Le projet de Bruxelles de rendre payants les quotas d’émissions de CO2 des industriels coûtera au secteur des centaines de millions d’euros, préviennent de nombreuses entreprises, qui brandissent la menace de délocaliser pour y faire face. Alors que la France prenait la présidence de l’Union européenne mardi, l’Union des industries chimiques (UIC) françaises a dévoilé son estimation du coût de la mesure: 1 milliard d’euros annuels pour les 96 sites chimiques les plus polluants de France. Pour son homologue allemande, la VCI, cela coûtera “plus d’un milliard d’euros” par an dès 2013, et “près de deux milliards” d’ici 2020. Aux Pays-Bas, les industriels de la chimie (3% du PIB), évoquent un surcoût annuel d’au moins un demi-milliard. “Insoutenable”, “grave menace pour la survie du secteur”: des groupes de chimie aux cimentiers en passant par les sidérurgistes, les industriels s’inquiètent. Environ 12.000 d’entre eux bénéficient aujourd’hui de quotas d’émissions alloués gratuitement par la Commission européenne. Un système qui permet aux entreprises les plus polluantes d’acheter des droits d’émissions supplémentaires auprès des entreprises les moins polluantes. Mais ce dispositif pourrait disparaître en 2013. Pour atteindre son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2, de 20% d’ici à 2020, Bruxelles a proposé en janvier de rendre ces droits d’émissions payants, à travers un système d’enchères qui pourrait rapporter 30 à 80 milliards d’euros selon des experts. De par son coût, ce nouveau système aurait l’inconvénient de plomber la compétitivité des industriels européens face à leurs concurrents en Asie, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient, où un tel dispositif n’existe pas, font valoir les industriels. “Nous adhérons totalement aux ambitions de Bruxelles. Mais il faut tenir compte du fait que notre industrie est extrêmement soumise à la concurrence internationale”, souligne le président de l’UIC, Bernard Chambon. Pour faire face, les industriels pourraient aller jusqu’à “délocaliser”, préviennent-ils. Pour le président de la fédération italienne de la sidérurgie, Giuseppe Pasini, le secteur risque “une réduction radicale de son activité en Europe”, et Eurofer, la confédération européenne des industries du fer et de l’acier, a évoqué vendredi le risque de “perdre des dizaines de milliers d’emplois” européens. Ces menaces relèvent du chantage, estiment certains écologistes et politiques. Pour prouver leur bonne volonté, les industriels présentent des projets alternatifs. En France, la chimie propose d’allouer des quotas gratuitement jusqu’à un certain seuil d’émissions, défini en fonction des performances de chaque secteur. Au-delà, les quotas seraient achetés aux enchères. Avantage selon l’UIC: un coût réduit à une fourchette de 50 à 100 millions d’euros annuels, pour un niveau de réduction des émissions similaire au projet de Bruxelles, et l’incitation de toutes les entreprises, polluantes ou pas, à les diminuer. Les négociations européennes sur le climat et la réduction des émissions de gaz à effet de serre seront délicates, a averti jeudi la France, qui a fait de ce dossier une priorité de sa présidence. Le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, a dit vendredi “comprendre les craintes des industriels, des syndicats, sur un certain nombre de difficultés, de risques industriels et sociaux”. “Mais, fondamentalement, on n’a pas le choix”, a-t-il déclaré à propos des objectifs du “paquet climat”, qui intègre la refonte des quotas d’émissions. |
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