Le mécénat de COMAR


Par Mohamed BOUAMOUD

comar_siege1.jpgSi le nom de COMAR n’est vraiment
connu de très près que des assurés de la Compagnie, il est en revanche, et
deux fois l’an, évoqué en grande pompe par la très large famille des
sportifs et celle, non moins prestigieuse, des hommes et des femmes de
lettres. A la fois Compagnie d’assurances et mécène de deux événements
annuels, COMAR est entrée de plain-pied dans la vie économique, sportive et
littéraire du pays. De sa force, certes, est né ce mécénat ; mais c’est de
ce mécénat, très peu développé –et en de rares occasions– par l’entreprise
économique privée, qu’est née sa popularité. Pour ne parler que du roman
tunisien, le Comar d’Or, depuis sa création, a contribué à l’éclosion de
maints talents et fait sans conteste bien des émules.

 

S’imaginerait-on dès lors toute la
dynamique culturelle pouvant animer et enrichir le pays si les grandes
Sociétés privées instituaient à leur tour des prix pour le théâtre, le
cinéma, le conte pour enfants et toutes les expressions plastiques ? L’on
s’est tellement plu à considérer que l’Etat est le seul garant et le premier
responsable de la culture du pays que le secteur privé a fini par considérer
que cette branche n’est pas son affaire. Pis : en consommant avec un plaisir
certain la culture de l’Autre (l’étranger) tout en brocardant la sienne,
l’on a oublié dans la foulée que l’on n’a en fait rien fait pour sa propre
culture. Et c’est là où se démarque COMAR par rapport à l’ensemble –ou
presque– du tissu économique privé.

 

Quelques mauvaises langues ne se
privent pas de laisser entendre que le Comar d’Or n’est rien d’autre qu’une
publicité pour la Compagnie. Soit. Mais qui pourrait raisonnablement
contester cette si noble forme de publicité ? Débourser une fois l’an près
de 30 mille dinars pour célébrer la fête du roman tunisien, on voudrait tant
voir d’autres entreprises agir de même et donner à leur publicité une image
plus valorisante et efficace qu’un pauvre spot dans la rue que les gens
regardent sans vraiment voir.

 

Le Marathon international de
COMAR

 

23 ans !… C’est l’âge qu’aura
atteint au mois d’octobre prochain le Marathon international de COMAR en
organisant donc pour la 23ème année consécutive cette compétition sportive
ayant revêtu dès la 3ème année son caractère international après s’être
ouverte sur le Maghreb lors de sa deuxième édition. Sous l’intitulé ‘‘Courir
pour une bonne cause’’, thème choisi l’an dernier en raison de la noblesse
d’esprit des marathoniens lauréats déterminés à dédier leurs prix à des
actions humanitaires, le Marathon 2007 était on ne pouvait mieux cosmopolite
pour avoir aligné Tunisiens, Algériens, Marocains, Français, Italiens,
Yougoslaves, Norvégiens,…Américains, Ethiopiens, une Iranienne, une
Brésilienne, un Kenyan et d’autres encore.

 

Tradition bien ancrée et immanquable
d’une part, ouverture bienveillante sur le monde d’autre part, le Marathon
international de COMAR, qui poursuit inlassablement sa…course depuis près
d’un quart de siècle, se veut toujours un point de rencontre entre les
peuples à dessein de lutter autant que faire se peut contre les tendances
racistes et xénophobes qui minent et enveniment les rapports entre les
humains.

 

Le Comar d’Or

 

Ce cadet du mécénat de la Compagnie
est arrivé il y a 12 ans. Le Prix du roman tunisien de langues arabe et
française, fêté généralement au mois d’avril de chaque année avec faste et
force animation musicale, est la fête de la littérature tunisienne
couronnant les créations les plus méritantes selon l’appréciation d’un jury
composé de grands noms de la presse écrite et d’universitaires à l’intégrité
et à la valeur intellectuelle incontestables.

 

Deux petits chiffres en disent
beaucoup sur le mérite de l’avènement de ce Prix. Le Comar d’Or avait
enregistré en 1997, année de son lancement, 13 romans en compétition.
Seulement. Et curieusement, tous les 13 étaient de langue française. Mais
depuis, l’arabe, langue du pays, allait dominer largement chacune des
éditions de la manifestation. Douze années plus tard, donc en cette année
2008, le Comar d’Or a enregistré l’arrivée en lice de… 325 romans (pour les
deux langues). S’il est permis de présenter ainsi la situation, on va dire
qu’en 12 ans, la tendance a été multipliée par 25 (en termes de nombre de
romans en compétition).

 

Côté Compagnie, la COMAR a offert, de
1997 à 2008, exactement 200 mille dinars rien qu’en Prix décernés aux
lauréats. Et c’est évidemment cela qui explique la dynamique littéraire
insufflée dans le pays.