UE : la présidence française isolée dans ses critiques contre la BCE

 
 
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ésident de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, lors d’une conférence de presse à Francfort, le 3 juillet 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

[07/07/2008 21:48:02] BRUXELLES (AFP) La France s’est retrouvée assez isolée lundi dans ses critiques répétées contre le relèvement des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE), lors d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro, la première à se tenir depuis que Paris préside l’UE.

“La décision de la banque centrale” de relever son taux directeur de 4% à 4,25% pour contrer l’inflation, “ne fut pas critiquée ce soir”, a déclaré à la presse le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président du forum réunissant ces grands argentiers (Eurogroupe).

Au contraire, “nous avons tous estimé que la Banque centrale européenne a raison d’insister avec la véhémence qu’elle a fait sienne sur la nécessité qu’il y a de bien ancrer les attentes d’inflation”, a-t-il ajouté, soutenant ainsi le tour de vis opéré jeudi dernier.

La plupart des responsables européens ont été au diapason. Le commissaire européen aux Affaires économique Joaquin Almunia a souligné la nécessité de “respecter l’indépendance de la banque centrale”.

“Je pense que c’est une position sage pour tous les hommes politiques”, a-t-il ajouté, dans une allusion aux critiques françaises dès la semaine dernière.

Le ministre néerlandais Wouter Bos a aussi pris la défense de la BCE en rappelant qu’elle avait “l’obligation légale de maintenir le taux d’inflation à un niveau raisonnable”. Son collègue espagnol, Pedro Solbes, a souligné pour sa part qu’il “respectait ce qu’ils ont fait” à la BCE.

Ces prises de position détonnent avec celles de la France. Samedi, malgré la présidence semestrielle de l’UE, qui contraint en principe le pays qui l’assume à une certaine réserve, le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy s’était demandé si la hausse des taux était bien “raisonnable”.

Lundi, c’est sa ministre de l’Economie Christine Lagarde qui a enfoncé le clou, s’inquiétant des conséquences d’une hausse qui “creuse le déséquilibre avec la politique monétaire américaine”.

“Avec des taux à 4,25% en Europe contre 2% aux Etats-Unis, on va rester avec un euro surévalué et un dollar faible”, a-t-elle souligné dans une interview au quotidien Le Figaro.

Et à Bruxelles, Mme Lagarde a surtout insisté sur “le ralentissement de la croissance” en zone euro, aux côtés de l’inflation.

Les faits lui donnent d’ailleurs en partie raison. MM. Juncker et le commissaire aux Affaires économiques Joaquin Almunia ont prévenu qu’un net ralentissement de l’activité se profilait en zone euro du fait de l’envolée des prix de l’énergie, au deuxième trimestre qui vient de s’achever, mais aussi au second semestre.

La France se sent pousser des ailes pour admonester la BCE car l’Allemagne, toujours prompte d’ordinaire à voler au secours de la BCE, a montré la semaine dernière des signes de mécontentement à son égard.

Mais la banque centrale bénéficie d’un contexte favorable pour justifier sa politique de durcissement monétaire.

L’inflation en zone euro a atteint pour la première fois un record de 4% en juin sur un an. Elle est devenue une source de préoccupation majeure pour les Européens qui voient les prix des carburants et de l’alimentation s’envoler et s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat.

Fait inhabituel venant d’une personnalité peu habituée à complimenter la BCE, le chef du gouvernement italien lui-même, Silvio Berlusconi, n’a rien trouvé à redire. “En ce moment, la priorité est de lutter contre l’inflation. Donc cette politique de la BCE, à l’heure actuelle, je la trouve appropriée”, a-t-il déclaré au Japon où il se trouve pour le sommet du G8.

 07/07/2008 21:48:02 – Â© 2008 AFP