[08/07/2008 06:49:39] BRUXELLES (AFP) Les poids lourds pourraient un jour devoir payer des droits de péages spécifiques en Europe pour la pollution, le bruit ou les embouteillages qu’ils provoquent, si une proposition en ce sens de Bruxelles se concrétise. “Pour l’instant, ces charges pèsent sur les épaules des contribuables” alors qu’il s’agit “d’appliquer le principe du pollueur payeur”, a souligné lundi un haut responsable de la Commission européenne. Cela vaut en particulier pour le transport routier qui représente 73% du transport terrestre de fret en Europe exprimé en tonnes par kilomètres, contre seulement 17% pour le rail, et devrait atteindre en 2020 un niveau double de celui de l’an 2000. Bruxelles va donc proposer mardi de réviser la “directive Eurovignette”, une loi européenne qui, aujourd’hui, empêche que les recettes totales des péages imposés aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes dépassent le coût de construction et d’entretien des routes. La Commission veut permettre aux Etats, s’ils le souhaitent, d’y ajouter des charges supplémentaires pour compenser la pollution, ses effets sur la santé des populations, ou encore les retards provoqués par les embouteillages. Elle chiffre par exemple le coût de la pollution à 100 milliards d’euros par an dans l’UE. Mais “il doit y avoir un calcul exact derrière”, prévient le haut responsable. La Commission ne fixe pas de tarif général, elle propose seulement une “formule de calcul” prévoyant des différenciations selon le type de route ou de véhicule, ou le moment de la journée. L’idée: “s’assurer que les Etats puissent lever des péages qui reflètent exactement les conditions locales au moment où un camion passe à un certain endroit”. Ainsi, un poids lourd répondant à des normes de pollution plus récentes, donc plus strictes, payerait moins qu’un modèle plus ancien. Emprunter une voie périurbaine, dans les environs de laquelle habitent beaucoup de gens, serait plus coûteux que de prendre une autoroute en rase campagne. Des péages spécifiques pourraient aussi, la nuit, sanctionner les nuisances sonores. La Commission espère ainsi inciter à modifier les comportements. Elle espère que les poids lourds choisiront de circuler plutôt sur des axes moins fréquentés, en dehors des heures de pointe et avec des nuisances sonores moindres. Le renouvellement du parc de poids lourds pourrait aussi être accéléré au profit de modèles plus récents, moins polluants et devant donc s’acquitter de péages moins élevés. Bruxelles souhaite parallèlement favoriser les systèmes de péages électroniques car “ça n’a pas de sens d’agir pour réduire les congestions s’il faut s’arrêter pour payer”, selon le haut responsable. Le mécanisme prévu s’applique uniquement aux poids lourds. Pour les voitures particulières, “les Etats membres sont libres d’introduire des dispositions similaires”, selon lui. Reste à voir dans quelle mesure les pays de l’UE appliqueront un mécanisme qui ne sera pas obligatoire et pourrait être très mal accueilli dans une profession déjà touchée de plein fouet par la flambée des prix pétroliers. “L’impact mesurable sur les prix à la consommation sera marginal”, assure la Commission. Elle chiffre à quelques centimes d’euro par kilomètres les coûts moyens pouvant être retenus au titre de la seule pollution. Parallèlement à la révision de la “directive Eurovignette”, Bruxelles proposera mardi d’autres mesures en faveur de “transports écologiques”, comme par exemple une réduction de 50% du bruit produit par les trains de marchandises. La mise en oeuvre des différentes dispositions est prévue entre 2011 et 2013. |
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