Crise alimentaire : le G8 “profondément préoccupé” mais pas d’aide financière

 
 
[08/07/2008 16:26:28] TOYAKO (Japon) (AFP)

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso (G) au côté de Nicolas Sarkozy et du président Bush à Toyako, le 8 juillet 2008 (Photo : Nicolas Asfouri)

Le G8 s’est affirmé mardi profondément préoccupé par la forte hausse des prix mondiaux de l’alimentation mais n’a pas annoncé de nouvelles mesures financières pour l’endiguer.

Selon les huit dirigeants des pays parmi les plus riches du monde, “l’impact négatif de cette récente évolution pourrait faire retomber des millions de gens dans la pauvreté”.

Le G8 a également demandé lors de son sommet de Toyako (Japon) aux pays qui disposent de stocks de nourriture en quantité suffisante “de rendre disponible une partie de leurs excédents pour les pays dans le besoin” face à l’augmentation des prix, mais d’une façon qui “ne porte pas atteinte aux règles commerciales”.

Dans une “Déclaration sur la sécurité alimentaire mondiale”, les dirigeants des Huit (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Italie, Russie) n’ont toutefois pas annoncé de nouvelles mesures financières pour les pays les plus touchés par la crise alimentaire.

Ils ont rappelé que, depuis le début de l’année, ils ont consacré “plus de 10 milliards de dollars pour faire face aux effets de la crise, par des mesures d’aide alimentaire et pour augmenter la production agricole dans les pays touchés”.

En arrivant au G8 lundi, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait annoncé que celle-ci allait proposer aux pays membres de l’Union européenne de créer un fonds doté d’un milliard d’euros pour soutenir le secteur agricole dans les pays en développement.

Cette proposition devait être détaillée mardi à Bruxelles mais, selon des sources proches de la Commission, cette présentation a été reportée d’une à deux semaines alors que la chancelière allemande Angela Merkel a fait ouvertement part de ses réserves à Toyako.

“Les dirigeants du G8 ne comprennent rien. Les faits sont pourtant clairs: les politiques d’encouragement des biocarburants représentent 75% du problème, mais ils ne les mentionnent qu’à peine et continuent de brûler de la nourriture pour faire rouler leurs voitures”, a affirmé Jeremy Hobbs, directeur exécutif de l’organisation humanitaire Oxfam.

La déclaration du G8 souligne toutefois qu’il convient de s’assurer de “la compatibilité des politiques de production durable de biocarburants avec la sécurité alimentaire”.

Selon la Banque mondiale, les prix de l’alimentation ont augmenté de plus de 80% depuis 2005. Le G8 a souligné qu’une telle envolée “nourrissait les pressions inflationnistes et provoquait des déséquilibres macroéconomiques” dans les pays les plus touchés.

Mais sa réponse est essentiellement d’appeler à une conclusion positive des négociations commerciales internationales engagées dans le cadre du cycle de Doha et de “lever les restrictions à l’exportation de denrées alimentaires”.

Face à la crise, de nombreux pays producteurs ont institué des taxes à l’exportation de leurs produits alimentaires pour garantir leur propre approvisionnement, contribuant ainsi à accélérer la hausse des prix.

Le G8 s’est toutefois engagé, et a appelé les autres pays donateurs d’aide alimentaire à faire de même, à augmenter ses contributions au Programme alimentaire mondial (PAM) “pour faire face aux besoins humanitaires urgents et pour donner un accès aux semences et aux engrais pour les prochaines semailles”.

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, a appelé pour sa part mardi les pays du G8 à “passer à l’acte” face à la crise alimentaire.

Le fait que les pays du G8 aient “pris conscience de la gravité de la crise” alimentaire est “positif”, a estimé le directeur de l’agence de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture, qui a son siège à Rome, lors d’un entretien à l’AFP.

“Encore faut-il qu’elle se traduise concrètement par des actes”, a-t-il souligné.

 08/07/2008 16:26:28 – Â© 2008 AFP