[09/07/2008 11:34:50] PARIS (AFP)
Le déficit commercial de la France a enregistré en mai sa plus mauvaise performance mensuelle depuis une dizaine d’années, l’euro fort et la conjoncture mondiale déprimée pesant sur les exportations, un nouveau signal néfaste pour la croissance au deuxième trimestre. “En mai, le déficit extérieur de la France a atteint un double sommet historique”, relève Marc Touati, de Global Equities. Il s’est affiché à 4,738 milliards d’euros contre 3,739 milliards en avril. Sur les douze derniers mois, le déficit cumulé atteint 45,603 milliards d’euros. “Il n’y a jamais eu de déficit aussi élevé, mais parce que nos échanges sont, eux aussi, toujours plus importants”, relativisent les Douanes. Ce creusement s’explique à la fois par une hausse des importations et une baisse des exportations. Les importations françaises ont augmenté à 39,457 milliards d’euros en mai, contre 39,052 milliards en avril, “témoin permanent du manque de compétitivité des produits français sur le territoire national”, selon M. Touati. Côté exportations (34,719 milliards d’euros contre 35,313 milliards en avril), “le signal le plus inquiétant émane du repli des ventes d’équipements professionnels”, juge Nicolas Bouzou, chez Asterès, qui y voit “la conséquence d’un freinage de l’investissement chez les grands partenaires commerciaux de la France”. “Si ce secteur venait à s’enrayer, sous les coups de boutoir d’un environnement international déprimé, c’est toute la branche manufacturière qui souffrirait”, prévient de son côté Alexander Law (Xerfi). Chez les Douanes, on souligne que la baisse des exportations en mai est également due à “un petit trou d’air sur les grands contrats de transport”. “Qu’il s’agisse des biens d’équipement, intermédiaires, des automobiles, à destination de l’Union européenne, des Etats-Unis, de l’Afrique ou encore du Proche et du Moyen-Orient, les exportations françaises reculent quasiment partout et dans tous les domaines”, s’alarme Marc Touati. Seuls les secteurs où la France dispose d’un très fort avantage comparatif comme les cosmétiques, tirent leur épingle du jeu, souligne M. Bouzou. En cause: le niveau toujours élevé de l’euro, qui mine la compétitivité européenne, la facture énergétique, et une situation internationale dégradée. “La situation économique américaine, même si elle est un petit peu moins mauvaise que ce qui avait été escompté, n’arrange pas les choses”, a reconnu mercredi la ministre de l’Economie française, Christine Lagarde, sur BFM. “On le ressent dans les résultats du commerce extérieur, où clairement on accuse une diminution de nos mouvements de biens vers les Etats-Unis”. L’excédent commercial de l’Allemagne, premier exportateur mondial, a d’ailleurs baissé en mai par rapport à avril, plus fortement que prévu. “La récession est aux portes de la France, de l’Allemagne et de la zone euro”, prévient Marc Touati. Alors que le commerce extérieur avait contribué pour 0,2 point à la croissance française au premier trimestre, les économistes redoutent une contribution nulle, voire négative au second. “Sachant que la consommation est mal en point, si les entreprises venaient à moins contribuer à la croissance, cela signifie qu’on se dirige tout droit vers une quasi stagnation de l’économie française au deuxième trimestre”, souligne Alexander Law. “En d’autres termes, les 1,7% de croissance que nous attendons pour cette année constituent la barre haute de notre scénario”, précise-t-il. Le Premier ministre français François Fillon a de son côté assuré mercredi que la croissance atteindrait “au moins 1,7%” en 2008. |
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