[09/07/2008 11:26:54] STRASBOURG (Parlement européen) (AFP) Le président de la BCE Jean-Claude Trichet, soutenu par celui de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, s’est défendu mercredi face aux critiques dont il a été l’objet après la récente hausse de taux d’intérêt de l’institut, notamment en France. Alors que la Banque centrale européenne se voit régulièrement reprocher d’être trop focalisée sur la lutte contre l’inflation, et de ne pas assez se soucier de la croissance, M. Trichet a rétorqué ne pas avoir décidé de la mission qui lui a été donnée. “Le mandat (de la BCE) nous a été confié par les démocraties européennes, nous ne l’avons pas créé”, a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg, en référence à l’adoption du traité de Maastricht dans les années 1990 qui a porté l’euro sur les fonts baptismaux. Ce mandat stipule que la priorité de la BCE doit être de maîtriser l’inflation. “Il n’y a pas de contradiction entre la stabilité des prix (…) et la croissance ainsi que les créations d’emploi”, a-t-il assuré. “Avec une réelle stabilité des prix, vous ouvrez la voie à une croissance durable”, a ajouté M. Trichet. Dans ce contexte, il a justifié le relèvement de 4% à 4,25% jeudi dernier du taux directeur de la BCE, jugeant “inquiétant” le niveau actuel record de la hausse des prix en zone euro où elle a atteint 4% en juin sur un an. M. Trichet a répété que cela “contribuera à maintenir la stabilité des prix”. Une manière pour lui de réaffirmer que la BCE n’a pas programmé à ce stade une série de hausses de taux. Le président de l’Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro) Jean-Claude Juncker a aussi volé à son secours devant le Parlement européen. “La lutte contre l’inflation est la principale préoccupation de nos concitoyens (…) par conséquent la banque centrale est parfaitement dans son droit et dans ses obligations” lorsqu’elle relève ses taux pour contrer la hausse des prix, a-t-il dit. Une manière pour les deux hommes de répondre aux piques lancées la semaine dernière notamment par le président français Nicolas Sarkozy, qui préside l’UE jusqu’à la fin de l’année. Le chef de l’Etat s’était demandé s’il était bien “raisonnable” de créer un tel écart entre la zone euro et les Etats-Unis, où les taux ne sont qu’à 2%. Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, s’était aussi interrogé sur le bien fondé d’une décision risquant à ses yeux de peser sur la croissance, déjà en phase de ralentissement. M. Juncker a rejeté toute remise en cause de l’indépendance de la Banque centrale qui “est un principe fondateur de l’Union économique et monétaire” ayant donné naissance à l’euro. “Par conséquent je crois qu’il faudra que nous mettions un terme” au “débat stérile, futile” sur ce sujet, a-t-il dit. Toutefois, a-t-il ajouté, avec une pointe d’ironie, “cela n’exclut pas que les uns et les autres nous ayons le droit de critiquer la banque, d’entourer de bienveillance et de conseils l’action vertueuse qu’elle mène”. Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro a aussi insisté sur le fait que la BCE n’avait pas l’exclusivité de la politique de change, un thème cher à la France, les traités prévoyant une compétence partagée avec les Etats. Il a, à ce sujet, indiqué qu’il comptait, aux côtés de M. Trichet, rencontrer de nouveau les dirigeants chinois d’ici la fin de l’année pour parler de la faiblesse du yuan, que les Européens jugent sous-évalué. |
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