EADS : Andreas Sperl, premier dirigeant en fonction placé en garde à vue

 
 
[10/07/2008 09:38:12] PARIS (AFP)

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à Paris en janvier 2005 (Photo : Mehdi Fedouach)

Le patron du site allemand EADS de Dresde Andreas Sperl, placé mercredi en garde à vue dans l’enquête sur les délits d’initiés présumés au sein du groupe aéronautique fin 2005, est le premier dirigeant d’EADS toujours en fonction à être inquiété par la justice française.

L’ex-directeur financier d’Airbus est assuré du soutien de EADS, tout comme les autres dirigeants, a indiqué mercredi un porte-parole du groupe.

“M. Sperl est assuré du soutien du conseil d’administration de EADS qui a confirmé à tous les dirigeants concernés son soutien dans leur défense contre toute allégation injustifiée”, a déclaré mercredi à l’AFP un porte-parole du groupe qui a lu une déclaration en anglais.

L’audition mercredi par la justice française du patron du site allemand EADS de Dresde “n’interfère pas dans ses activités en tant que manager de EADS. Il va continuer à remplir toutes ses responsabilités” sur ce site, a ajouté le porte-parole.

Andreas Sperl, 61 ans, est entendu depuis 09H00 mercredi par les policiers de la Brigade financière sur commission rogatoire des juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries, selon des sources proches du dossier.

Alors qu’il était directeur financier d’Airbus, principale filiale d’EADS, il a vendu entre le 9 et le 29 novembre 2005 puis entre le 8 et le 24 mars 2006 un total de 58.800 actions EADS issues de ses stock-options, réalisant une plus-value de 816.000 euros, selon un rapport de l’Autorité des marchés financiers (AMF) que l’AFP a consulté.

Il pourrait, selon le gendarme de la Bourse, avoir “manqué à son obligation d’abstention” car il disposait à cette époque, en tant que membre du comité exécutif d’Airbus, d’informations privilégiées sur les perspectives financières d’EADS, ainsi que sur des retards sur les programmes du très gros-porteur A380 et du long-courrier A350.

“M. Sperl est serein, il va expliquer ce qu’il a déjà expliqué devant l’AMF, à savoir qu’il a respecté les règles internes de cession des stock-options”, a déclaré à l’AFP son avocat Me Christian Curtil.

Sollicité par l’AFP, EADS n’était pas en mesure de réagir dans l’immédiat.

La garde à vue de M. Sperl peut durer au maximum 48 heures ou être interrompue à tout moment pour une éventuelle présentation aux juges au pôle financier du palais de justice de Paris.

Les magistrates peuvent ensuite décider de le mettre en examen ou de le placer sous statut de témoin assisté, statut intermédiaire entre simple témoin et mis en examen.

Trois anciens dirigeants du groupe, dont l’ancien coprésident d’EADS Noël Forgeard et l’ancien pdg d’Airbus Gustav Humbert, ont déjà été mis en examen pour délits d’initiés et placés sous un contrôle judiciaire imposant le versement d’une forte caution.

A la différence des trois mis en examen, M. Sperl est toujours en fonction: il a pris la tête en janvier 2007 de l’usine Elbe Flugzeugwerke de Dresde (Est de l’Allemagne), filiale à 100% d’EADS spécialisée dans la conversion d’avions pour passagers en avions cargos.

D’éventuelles poursuites à son encontre seraient les premières concernant un dirigeant actuel dans l’affaire des délits d’initiés présumés.

Au total 17 dirigeants et anciens dirigeants du groupe (neuf Français, quatre Allemands, deux Américains, un Finlandais et un Britannique) sont mis en cause par le gendarme français de la Bourse.

Parmi eux onze sont toujours chez EADS, dont Thomas Enders, l’actuel patron d’Airbus, John Leahy, son directeur commercial, ainsi que François Auque, le PDG d’Astrium, filiale espace d’EADS, et Fabrice Brégier, à l’époque président de la filiale Eurocopter et aujourd’hui directeur général délégué d’Airbus.

Tous devraient être entendus à la Brigade financière avant une éventuelle mise en examen, selon des sources proches du dossier.

En cas de poursuites, les juges ont la possibilité de leur imposer un contrôle judiciaire leur interdisant de communiquer entre eux. Cette perspective inquiète la direction du groupe qui verrait alors son management entravé, selon une source proche de l’avionneur.

Mais selon une source proche du dossier, une telle mesure ne serait pas à ce stade à l’ordre du jour.

 10/07/2008 09:38:12 – Â© 2008 AFP