L’UCCV : La grosse machine


Par Amel Djait Belkaid

uccv-4652-0.jpgLes vins de l’UCCV sont
incontestablement en train de reprendre des couleurs, à la fois pour les
performances à l’export et pour l’image de marque qu’ils sont en train de
construire. Affichant des résultats positifs très prometteurs, un programme
de développement et de mise à niveau de ses structures a récemment obtenu la
certification ISO 9001 :2000.

 

L’Union Centrale des
Coopératives Viticoles UCCV (www.uccv.com)
coiffe plus de 10 mille hectares de vignobles et regroupe plus de 1.500
viticulteurs. La marque, qui répond au joli nom des «Vignerons de Carthage»,
représente les deux-tiers de la production vinicole nationale. En réalise
tout autant en parts de marché, s’affirme comme le premier exportateur de
vin tunisien. Elle possède 10 caves sur 18, se hisse à la 77ème place du hit
parade des plus grandes entreprises tunisiennes, selon un chiffre d’affaires
évalué à 55 millions de dinars en 2006 et emploie plus de 500 salariés.

 

Sous l’impulsion de la
restructuration du secteur, la nomination d’un jeune œnologue et docteur en
viticulture en 2002 à la tête de cette «grosse machine» donne du punch à une
structure sclérosée par des années de laisser aller. Après une longue
période difficile, une production en vrac, une qualité approximative, les
années dures sont désormais enterrées.
Les vins de l’UCCV, qui se divisaient en 70% : de vins de consommation
courante (VCC) et 30% d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), se
redéploient aujourd’hui en 55% AOC et 45% VCC.

 

S’imposant en locomotive
pour tout le secteur, l’UCCV collectionne les médailles et règne en leader
sur un marché local qui le lui rend bien. Puissamment soutenu par un bon
réseau de distribution, elle affiche une augmentation annuelle d’un million
de bouteilles par an depuis 6 ans, passant de 14 à 20 millions de bouteilles
en 2007.

 

Le gros chantier de la
restructuration a englobé : l’amélioration de la production, la
compétitivité, la consolidation de ses structures financières et des
ressources humaines, l’installation de vignobles pilote par la création de
sociétés de mise en valeur et de développement agricole (SMVDA) en
partenariat avec des investisseurs nationaux et étrangers.

 

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En matière œnologique,
les efforts se sont axés sur les conditions de vinification, la
stabilisation et le conditionnement des vins par le traitement approprié des
caves, le recours à des moyens de réfrigération pour le contrôle des
températures et des processus de fermentation, le renouvellement des
équipements de réception et de pressurage des vendanges, de conditionnement
et d’embouteillage des vins.

 

Le grand bémol qui reste
à la traîne de ce vaste programme est la rentabilité pour les viticulteurs,
qui voient en l’UCCV la bouée de sauvetage et l’objet de leur aliénation.

 

«Nous sommes désormais
parfaitement adaptés aux marchés internationaux des vins de qualité, alliant
modernité et typicité méditerranéenne», déclare, confiant, celui qui veille
au destin de l’UCCV depuis 2002, à savoir Belgacem D’khilli qui a plus
l’allure d’un basketteur, que celle d’un Directeur Général. Formé à l’ENSA
de Montpellier, il se destinait à la recherche. Consultant et expert
international, il connaît la structure, ses capacités et handicaps et relève
un défi à la hauteur de l’énergie qu’il y dépense.

 

Les résultats ne se font
pas attendre et les succès que remportent les vins de la compagnie jalonnent
les couloirs de l’imposant siège de la coopérative. Présent sur les salons
professionnels spécialisés, le meilleur semble encore à venir.

 

Avec le proche
anniversaire de l’UCCV, une large opération de relations publiques
s’organise avec, entre autres, l’annonce de deux nouveaux produits : un vin
doux naturel baptisé «Passum de Magon» et un pétillant selon la méthode
traditionnelle (pour les novices comme moi, comprenez méthode champenoise,
puisque cette appellation est désormais, elle aussi, contrôlée) qui sera
lancé vers le mois de mai 2008 comme pour fêter les 40 ans de l’UCCV.

 

Accusée de bradage, de
casser le marché, de crouler sous les stocks et les dettes… l’UCCV est le
grand-frère qu’on admire et déteste à la fois. A l’accusation d’avoir
surinvesti, l’UCCV se targue d’avoir sauvé le vignoble tunisien. Elle
participe à la promotion de son image de marque, véhicule une perception
performante, plus que jamais, ouverte sur le monde et assoit une stratégie
de communication à l’étranger avec l’organisation de journées portes
ouvertes, de dégustation, des voyages de presse… Un produit ne pouvant
s’exporter que s’il est connu.

 

Accusée de «faire du
social», la coopérative ne s’en cache pas, puisque c’est le propre même de
son concept. «La coopérative se doit d’acheter toute la production viticole
de ses actionnaires et tout le savoir-faire est de concocter avec la
production des actionnaires la meilleure des élaborations possibles»…Alors
que les autres domaines choisissent le meilleur, affinant leurs besoins au
pied des vignes.

 

Au sujet des stocks
faramineux qui engorgeraient les caves de la coopérative, il semble que les
malheurs des uns faisant le bonheur des autres, la géopolitique
internationale a permis d’écouler le stock en question et rétablir une
«situation jugée préoccupante» par certains professionnels de la place.

 

L’export réagit
positivement et les 50.000 milles bouteilles exportées en 2007 vont pouvoir
aisément être doublés. A ce jour, nous avons déjà atteint les chiffres de
l’année dernière… Une fois que le produit est connu, ça va très vite».

 

Entre deux voyages, et
ayant visiblement peu de temps pour répondre aussi bien aux questions des
journalistes qu’à ses détracteurs, M. D’Khilli réclame l’urgence d’un
organisme de contrôle qui «veille à la qualité des produits, au respect des
appellations, aux normes sanitaires». C’est visiblement l’urgence du moment.

 

Ne se faisant pas de
soucis concernant les vins de l’UCCV, «par déontologie, par la nature
même de la structure, on se contrôle nous-mêmes, nos produits répondent aux
normes internationales les plus rigoureuses…
».

 

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