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[11/07/2008 11:30:03] PARIS (AFP) Le groupe pétrolier Total a gelé ses projets en Iran sans pour autant abandonner ce pays riche en hydrocarbures, moins sous la pression politique internationale qu’en raison des difficultés à y développer des gisements complexes de plus en plus coûteux, selon des experts. Le patron de Total, Christophe de Margerie, a jugé politiquement trop risqué d’investir pour l’instant dans ce pays, dans un entretien au Financial Times. Le groupe français est engagé depuis des années dans des négociations avec l’Iran pour l’exploitation de réserves de gaz (bloc 11) à South Pars, qui prévoit également la création d’une installation produisant du gaz naturel liquéfié (GNL) et l’exportation de ce gaz. “Dans la posture actuelle du gouvernement français, qui a adopté une ligne dure vis-à -vis de l’Iran, un investissement de Total ne ferait pas beau dans le tableau”, reconnaît Olivier Roy, chercheur au CNRS. Les gouvernements occidentaux, Etats-Unis en tête, font pression sur les entreprises pour qu’elles coupent leurs liens avec l’Iran en raison de son programme nucléaire controversé. Et “si Total signait ce gros contrat avec l’Iran, ce serait certainement récupéré politiquement par Téhéran”, estime Francis Perrin, de la revue Pétrole et gaz arabes. Mais “ce n’est pas la peur des sanctions” qui a conduit Total à annoncer le gel de ses investissements, plutôt un “calcul entre les coûts et les avantages à rester en Iran”, selon M. Roy. Depuis leur accord cadre d’août 2005, “les négociations entre Total et Téhéran n’ont pas abouti (…) parce que les coûts de ce projet n’ont cessé d’augmenter”, note Pierre Terzian, directeur de la publication Petrostratégies. Comme beaucoup de projets similaires dans le monde, ces coûts auraient doublé jusqu’à dépasser 10 milliards de dollars, en raison de la hausse des prix des matières premières comme l’acier ou d’un manque de main d’oeuvre. En outre “sur le terrain, les autorités iraniennes ne sont pas très coopératives”, estime M. Roy. Pour l’extraction du gaz, l’Iran utilise par exemple des contrats de services au lieu des traditionnels “contrats de partage de production”, plus avantageux pour les compagnies étrangères, précise M. Perrin. Pour la liquéfaction du gaz, les majors ne peuvent plus utiliser les brevets américains, compte tenu des sanctions des Etats-Unis, et ne disposent, au niveau européen, que d’un seul brevet, “qui n’est qu’au stade de l’expérimentation”, note M. Terzian. Mais Total ne veut pas renoncer à travailler avec ce pays, quatrième producteur mondial de pétrole et deuxième producteur mondial de gaz, et qui intéresse l’Union européenne, désireuse de s’émanciper du gaz russe. “Il est hors de question d’arrêter ce projet, il est hors de question d’y renoncer ou d’abandonner”, a insisté M. de Margerie sur France 24. “Le bureau de Total reste ouvert” à Téhéran et le groupe continue de rencontrer son homologue iranienne, la Nioc, selon M. Terzian. D’autres groupes comme l’espagnol Repsol et l’anglo-néerlandais Shell ont souhaité eux aussi, en mai, renégocier leur participation dans South Pars plutôt que de quitter le pays. Ces compagnies savent aussi que même si l’Iran menace de conduire seul ces projets, il a besoin de leur expertise. S’il s’agissait seulement d’extraire du gaz, “il y aurait un vrai risque” à ce qu’elles soient remplacées par d’autres entreprises, notamment asiatiques, explique M. Perrin. Mais South Pars suppose aussi de maîtriser la technologie du GNL. Ce qui n’est pas le cas du géant gazier russe Gazprom ni des compagnies chinoises, relève M. Perrin. |
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