[11/07/2008 21:41:52] UTRECHT (AFP) Le patron du bancassureur Fortis Jean-Paul Votron, contraint de démissionner vendredi après la grogne d’actionnaires mécontents de sa gestion des difficultés financières rencontrées ces derniers mois, paie de sa personne la crise des subprimes en Europe. La groupe belgo-néerlandais, vivement critiqué par ses actionnaires alors qu’il est touché par la crise des subprimes et a des difficultés à digérer le rachat d’ABN Amro, a annoncé vendredi, à l’issue d’un Conseil d’administration exceptionnel, le départ de son directeur exécutif Jean-Paul Votron. “Dans l’intérêt du groupe, le Conseil d’administration de Fortis et Monsieur Jean-Paul Votron ont décidé de commun accord de mettre un terme au mandat de CEO (directeur exécutif, ndlr) de Monsieur Jean-Paul Votron”, écrit Fortis dans un communiqué. Herman Verwilst, directeur exécutif adjoint et membre exécutif du Conseil d’administration, a accepté de prendre la place de M. Votron, précise Fortis. Le mandat de M. Votron n’expirait qu’en 2011. Alors qu’il avait été couronné de lauriers pour sa gestion à la fois téméraire et virtuose de la bataille pour le rachat du monstre néerlandais ABN Amro, il doit aujourd’hui payer pour les mauvais résultats du groupe. Le bénéfice net 2007 de Fortis a été fortement touché par la dépréciation de ses actifs, responsables d’une perte de 1,5 milliard d’euros, un mauvais chiffre confirmé au premier trimestre, où le bénéfice net de 808 millions d’euros a dû être amputé de 380 millions d’euros pour parer aux dépréciations causées par la crise de l’immobilier à risque américain. Son cours à la Bourse d’Amsterdam avoisinait les 30 euros il y a un an, aujourd’hui, une action Fortis vaut moins de 10 euros. Et à l’heure actuelle, sa valorisation boursière est inférieure au prix qu’il avait déboursé pour l’achat d’une partie d’ABN Amro l’an dernier, soit 24 milliards d’euros. La grogne des actionnaires a surtout enflé après le lancement d’un plan de solvabilité le 26 juin. Ils sont furieux de n’avoir été prévenus ni de l’augmentation de capital de 1,5 milliard d’euros annoncée ce jour-là par la direction, ni du non paiement d’un dividende intérimaire permettant au groupe de récupérer 1,3 milliard d’euros, parmi d’autres mesures destinées à dégager 8 milliards d’euros. L’annonce avait été reçue comme une douche froide par les marchés : le titre a perdu 19% en une seule journée, un triste record pour la banque. La nomination Herman Verwilst comme remplaçant est toutefois temporaire car Fortis “a décidé de lancer une recherche d’un futur successeur, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise”. “Le Conseil est convaincu que, grâce à sa grande expérience au sein du groupe, Herman Verwilst est le choix idéal pour diriger le groupe dans cette période et cet environnement difficiles”, poursuit la banque. M. Votron, né en 1950, avait démarré sa carrière chez Unilever avant de grimper les échelons dans le monde financier. Il a dirigé Citibank Belgique, travaillé chez ABN Amro et Citigroup. Il a été nommé directeur exécutif de Fortis en octobre 2004. Outre le directeur de la banque britannique Northern Rock, qui a démissionné en novembre 2007, il est l’un des rares dirigeants européens à ce niveau à avoir dû payer de sa personne pour les effets dévastateurs de la crise des subprimes. Le directeur de la banque suisse UBS Peter Wuffli avait lui été remercié en juillet 2007 alors que la crise n’en était qu’à ses balbutiements. Aux Etats-Unis, les démissions de patrons se sont multipliées, comme au sein de banques aussi prestigieuses que Citigroup ou Merrill Lynch. |
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