Zone euro : baisse record depuis 1992 de la production industrielle en mai

éens devant le siège de la Commission, le 27 mars 2007 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

La production industrielle a baissé en mai dans la zone euro de 1,9% comparé au mois précédent, enregistrant son plus fort recul mensuel depuis 16 ans, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées lundi par l’Office européen des statistiques Eurostat.

Sur un an, la production industrielle a régressé de 0,6% dans la zone euro.

La baisse est moindre que ce à quoi s’attendaient les analystes interrogés par Dow Jones Newswire, qui tablaient sur un recul de 2,3%. En revanche, sur un an, ils avaient prévu une hausse de 0,4%.

Néanmoins, il s’agit de la plus forte baisse sur un mois depuis décembre 1992, où un recul de 1,9% avait également été noté, a indiqué Eurostat.

Tout en reconnaissant que “la production industrielle peut être extrêmement fluctuante”, le cabinet d’économistes Global Insight y voit l’annonce d’une forte aggravation de la conjoncture.

Global Insight et Capital Economic prédisent de ce fait un coup d’arrêt à la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), voire l’amorce d’une décrue.

Les chiffres de mai sont particulièrement mauvais pour trois locomotives de la zone euro, l’Allemagne, la France et l’Espagne, qui enregistrent toutes une baisse de leur production industrielle de 2,6%, nettement supérieure à celle de la zone euro dans son ensemble, alors que l’Italie voit la sienne reculer de 1,4%.

“Ces très mauvais chiffres renforcent notre opinion que le ralentissement de la zone euro s’accentue”, a estimé Howard Archer, analyste chez Global Insight. A son avis, “les industriels de la zone euro vont avoir la vie de plus en plus difficile dans les mois qui viennent”.

“A cause de cela”, l’analyste prédit que la BCE n’augmentera plus son taux d’intérêt de référence- porté récemment à 4,25% après la hausse de 25 points de base pour parer aux poussées inflationnistes. Ce chiffre devrait donc à son avis représenter un “pic”.

“L’affaiblissement marqué de la croissance dans la zone euro, la tension moins forte sur le marché du travail, le durcissement des conditions de crédit ainsi que l’euro fort devraient largement contenir puis progressivement désamorcer les pressions inflationnistes au cours des prochains mois”, souligne-t-il.

Par voie de conséquence, M. Archer s’attend “à ce que la BCE maintienne inchangé le taux de 4,25% jusqu’à la fin 2008, avant de le réduire par étape jusqu’à 3,50% au troisième trimestre 2009”.

Selon Aurelio Maccario, directeur de la recherche économique pour la zone euro à la banque italienne UniCredit, “il faudra beaucoup plus de temps que la BCE ne l’a envisagé pour que l’économie reprenne”.

Pronostiquant que le PNB de la zone euro au deuxième trimestre pourrait enregistrer une croissance zéro, M. Maccario a lui-aussi anticipé un “relâchement” des taux d’intérêt par la BCE “vers la mi-2009”.

Pour l’ensemble de l’UE, la production a baissé de 1,4% sur un mois en avril et de 0,5% sur un an.

Eurostat a corrigé à la hausse son évaluation de la production industrielle en avril. Elle a augmenté de 1% pour la zone euro en avril comparé à mars, et non de 0,9% comme annoncé en juin.