GB/banques : Alliance & Leicester se vend à Santander pour sortir du marasme

 
 
[14/07/2008 19:31:56] LONDRES (AFP)

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à Santander le 21 juin 2008. (Photo : Fernando Banos)

La banque britannique Alliance & Leicester (A&L) s’est résolue lundi à se vendre sans discussion à Santander pour échapper au sombre climat économique au Royaume-Uni, redonnant des couleurs au marché tout en permettant à l’Espagnole de renforcer encore sa position sur le marché britannique.

A&L, septième banque britannique par la capitalisation, et Santander, numéro six mondiale et numéro un européenne, ont annoncé leur mariage presque contre toute attente.

L’Espagnole, déjà propriétaire depuis 2004 de la banque Abbey, a proposé un total de 1,33 milliard de livres (1,66 milliard d’euros) pour A&L, soit 299 pence et 18 pence de dividende semestriel par action.

L’offre apporte une prime de 44,6% par rapport à son prix de clôture en Bourse vendredi soir, mais la Britannique se contente d’un échange d’actions, à raison de trois actions A&L pour une action Santander, sans aucune part en numéraire.

Mais A&L n’a pas fait la fine bouche alors que l’économie britannique est menacée de récession, et que les banques sont sous pression, notamment celles tournées vers un marché immobilier dont la bulle vient d’exploser, avec des transactions au point mort en ce moment.

Comme Northern Rock et Bradford & Bingley, A&L est une ancienne “building society”, ces mutuelles associant à l’origine des particuliers unissant leurs fonds pour construire leurs maisons, dont un certain nombre se sont introduites en Bourse dans les années 80.

Northern Rock a été la première victime de la crise du crédit en septembre, et a dû être nationalisée en février, tandis que Bradford & Bingley a beaucoup de mal à mener à bien une augmentation de capital de 400 millions de livres.

La situation d’A&L est meilleure — elle n’est pas lancée dans une augmentation de capital en ce moment — mais sa valeur a été divisée par cinq en un an.

Roy Brown, président par intérim d’A&L –le nouveau président, le Nord-Irlandais Alan Gillespie n’arrive qu’en septembre– a remarqué que le conseil d’administration avait donné son feu vert car il est “pleinement conscient des risques externes significatifs induits par la détérioration des conditions de marché et des turbulences persistantes sur les marchés financiers”.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown lui-même a eu l’air plutôt satisfait de cette conclusion, qui lui évite une nouvelle affaire Northern Rock. “Nous bénéficions d’une économie ouverte au Royaume-Uni”, a-t-il commenté lors de sa conférence de presse mensuelle.

De son côté Santander va s’implanter un peu plus au Royaume-Uni, où elle avait fait une entrée fracassante en 2004 en rachetant la banque Abbey.

Elle semble une des banques au monde qui surmontent le mieux la crise, après avoir digéré sans encombre l’an dernier l’acquisition de la Néerlandaise ABN Amro, en association avec RBS et Fortis, .

A elles deux, A&L et Abbey auront 959 succursales, soit une part de 7,6% du marché britannique, et une part de 8% de l’épargne et des prêts à la consommation, a noté Santander. Selon le courtier Brewin Dolphin, Santander sera aussi numéro deux des crédits immobiliers derrière HBOS.

Mais cela n’ira pas sans suppressions d’emplois, a prévenu Santander. A&L emploie 7.300 personnes, Abbey 16.000.

L’annonce de l’acquisition a suscité une ruée à la Bourse de Londres où le titre A&L a gagné jusqu’à 54,5% lundi, dans un marché dopé par diverses autres rumeurs de rachat transfrontalières.

D’autant que certains commentateurs, quoique rares, verraient bien une surenchère sur A&L, comme Standard Life qui a jugé que Santander avait fait “une affaire somptueuse” en rachetant A&L “à des conditions cadeau”.

 14/07/2008 19:31:56 – Â© 2008 AFP