[14/07/2008 21:27:03] NEW YORK (AFP)
Au milieu d’une débâcle générale des valeurs bancaires américaines lundi, Lehman Brothers a continué son plongeon, chutant à son plus bas historique, sans que le plan d’aide fédéral aux organismes de refinancement hypothécaire Freddie et Fannie ne calme les marchés. Sur des craintes de plus en plus vives concernant sa fragilité financière, l’action Lehman a clôturé en baisse de 14,07%, à 12,40 dollars, son plus bas absolu depuis l’introduction du groupe en Bourse en mai 1994. Lehman reste sous la menace d’un scénario à la Bear Stearns, sa petite concurrente acculée en mars à une quasi-faillite en quelques jours, faute de pouvoir continuer à se refinancer sur les marchés. Les investisseurs espèrent maintenant l’appui d’une banque étrangère ou un rachat d’actions qui prouverait la solidité du bilan de Lehman. “Nous avons trois inquiétudes sur Lehman”, a expliqué Gregori Volokhine, de Meeschaerdt Capital Markets. “D’abord un tiers de ses actifs sont très peu liquides et donc impossibles à évaluer, car si la banque devait les vendre rapidement, ils perdraient beaucoup de valeur”, a-t-il dit. “D’autre part 70% de l’activité de Lehman repose sur les opérations à taux fixes, surtout le secteur hypothécaire. Ces activités sont totalement gelées et auront beaucoup de peine à redémarrer. Enfin, les clients quitteront-ils Lehman, comme ils l’ont fait pour Bear Stearns ?”, a-t-il lancé. Mi-juin, la banque d’affaires avait publié une perte nette d’environ 2,8 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, la première depuis son introduction en Bourse. Depuis 2007, Lehman Brothers a passé 17 milliards de dollars de dépréciations. Les analystes craignent que Lehman et que d’autres banques, comme Merrill Lynch qui publie son résultat cette semaine, n’annoncent de nouvelles dépréciations d’actifs. Alimentant l’inquiétude, vendredi a vu la première grosse faillite du secteur bancaire américaine, celle de la banque californienne Indymac. Indymac s’est écroulée après des retraits massifs de fonds par ses clients, pris de doutes sur la viabilité de la banque, très impliquée sur le marché hypothécaire. L’action avait perdu 98% de sa valeur en quelques mois et les autorités fédérales américaines en ont pris le contrôle vendredi. La journée de lundi a aussi été catastrophique pour nombre des grandes banques, que ce soient les banques de détail ou les banques d’investissement. Washington Mutual, l’un des plus grossses banques de dépôts du pays, s’est effondrée de 35% pour tomber à 3,21 dollars, après une note de Lehman qui prédit que WaMu risque 26 milliards de dollars de pertes. Le groupe a déjà licencié plus de 7.000 personnes depuis décembre. National City Corp, autre grosse banque régionale américaine, a aussi chuté de 18,6% à 3,60 dollars, suite à des rumeurs sur sa fragilité financière. L’établissement a souffert ces derniers mois d’une augmentation des défauts de paiements sur son portefeuille de prêts immobiliers et affiché deux trimestres consécutifs de perte. Sa concurrente M&T Bank Corp a elle dégringolé de 18% à 57 dollars après avoir averti d’une baisse de ses résultats au 2e trimestre. Wachovia, l’un des premiers établissements américains, a vu son action passer sous les 10 dollars, après avoir perdu 14% lundi. Bank of America a perdu 7%, Citigroup 6%, Wells Fargo 6,5%, Merrill Lynch 6% et Morgan Stanley 5,3%. Même les plus préservées de la crise, Goldman Sachs et JPMorgan, ont perdu respectivement 2% et 4,1%. Pour tenter d’éviter les rumeurs et les paniques, dimanche la SEC, le régulateur boursier américain, a décidé d’ouvrir une nouvelle enquête sur les manipulations de cours, dont pourraient avoir été victimes tant Lehman Brothers que les organismes de refinancement obligataire. |
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