La crise immobilière espagnole fait sa première victime d’importance

 
 
[15/07/2008 12:23:26] MADRID (AFP)

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à la bourse de Madrid le 16 avril 2007 (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

La crise immobilière espagnole a fait sa première grande victime, le promoteur Martinsa-Fadesa qui s’est placé dans la nuit de lundi à mardi en cessation de paiement faute de pouvoir obtenir un prêt de 150 millions d’euros.

Le conseil d’administration du groupe réuni lundi soir, a décidé de “présenter une demande de cessation de paiement pour éviter une aggravation de la crise qui pourrait devenir irréversible et avoir de graves répercussions sur ses créanciers et sur l’intérêt de tous ses actionnaires”, selon un communiqué.

C’est le premier grand groupe immobilier à se placer sous la protection de la loi depuis le début du retournement du marché immobilier espagnol en 2008. Retournement auquel s’ajoute la crise financière qui rend difficile l’accès au financement pour ces entreprises.

Après des années de très forte demande, d’envolée des prix et de construction à tout crin, alimentée par de l’argent bon marché en raison de taux d’intérêt bas, la pierre espagnole est en train de s’effondrer avec des ventes en chute libre et des prix qui marquent le pas.

Le stock de logements vides gonfle et des promoteurs se retrouvent avec des projets en chantier sur les bras et pas d’acheteurs.

Un autre grand groupe immobilier, Colonial, s’était retrouvé dans la tourmente au début de l’année, mais finalement, les banques créancières en avaient pris le contrôle, en se partageant les actions du groupe qui avaient été gagées chez elles.

“En dépit des innombrables efforts” de Martinsa-Fadesa “et de ses actionnaires”, l’obtenion du prêt de 150 millions d’euros a été impossible, et le groupe se trouve confronté à “un manque de trésorerie pour faire face aux créances imminentes”.

Martinsa-Fadesa avait annoncé le 7 mai avoir trouvé en plusieurs étapes un accord de refinancement pour 4 milliards d’euros de dette, décalant le paiement final à 2011. Cet accord était conditionné au fait que le groupe obtienne un prêt de 150 millions d’euros avant le 7 juillet.

“Les efforts réalisés avec l’Institut du crédit officiel (ICO, un organisme de financement dépendant du gouvernement) et d’autres entités de crédit n’ont pas porté leurs fruits”, précise Martinsa-Fadesa, dont le patrimoine total est estimé à 10,8 milliards d’euros répartis dans des sols à construire, des projets en construction, des terrains de golf et des immeubles construits.

Fernando Martin, le patron du groupe, ancien président de Real Madrid, est emblématique de ces nababs de la pierre espagnole qui n’ont pas réussi à se diversifier ou à abandonner à temps le secteur avant le retournement.

A la tête d’une petite entreprise non cotée, Martinsa, il a lancé une OPA sur Fadesa, figure de l’immobilier espagnol. Mais il l’a fait en 2006 alors que l’immobilier espagnol avait déjà atteint son apogée.

Ce parcours est identique à celui du patron de Colonial. Luis Portillo, à la tête d’Inmocaral a lancé, lui aussi en 2006, une OPA sur le vénérable Colonial. L’acheteur réalisait un chiffre d’affaires 178 fois plus petit que sa cible.

Contrairement à eux, plusieurs autres acteurs de l’immobilier avaient anticipé l’éclatement de la bulle immobilière tel Manuel Jove, patron de Fadesa qui a vendu sa part au prix fort à Fernando Martin, ou bien les grands groupes de BTP comme ACS et Acciona qui ont investi dans l’énergie, secteur plus sûr, en prenant des parts dans les groupes Iberdrola ou Endesa.

 15/07/2008 12:23:26 – Â© 2008 AFP