L’audition du patron de la Fed attendue avec anxiété par les marchés mondiaux

 
 
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ésident de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, à Washington le 10 juillet 2008. (Photo : Karen Bleier)

[15/07/2008 13:00:10] WASHINGTON (AFP) L’audition mardi du président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, devant le Congrès sera très suivie par des marchés mondiaux fébriles, qui attendent des précisions sur le soutien qu’entendent apporter les autorités fédérales américaines à un secteur financier en pleine crise.

Le président américain George W. Bush va également tenir une conférence de presse à 10H20 (14H20 GMT) mardi, où il abordera les mesures qu’il a prises pour soutenir l’économie américaine, a annoncé la Maison Blanche.

Quant au patron de la Banque centrale américaine (Fed), il se trouve dans l’obligation de justifier les mesures prises pour venir en aide au secteur financier, une entorse au libéralisme économique américain, tout en rassurant sur la capacité des autorités à préserver le système bancaire de l’implosion.

“Sur fond de plan de sauvetage des agences hypothécaires, le rapport du président de la Fed sera historique”, ont estimé les analystes d’Aurel dans une note.

“Clairement, il doit se livrer à un exercice de marketing pour convaincre les investisseurs que l’économie américaine et le secteur financier ne sont pas en déroute”, a commenté Rob Carnell, analyste d’ING.

La Fed et le département américain du Trésor ont annoncé dimanche un plan de sauvetage des deux agences de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, qui constituent un rouage essentiel du crédit immobilier aux Etats-Unis.

L’annonce intervenait alors que les deux établissements avaient vu leur cours de Bourse s’effondrer et que les doutes sur leur solidité financière se faisaient de plus en plus insistants.

Pour autant, l’ampleur de ce sauvetage, caractérisé notamment par l’augmentation de la ligne de crédit allouée par le Trésor aux deux sociétés et la possibilité offerte de se refinancer directement auprès de la Fed, n’a pas rassuré les marchés.

L’annonce de la faillite de la banque régionale américain IndyMac vendredi et les craintes d’explosions en série d’autres banques moyennes ont accentué la nervosité des investisseurs.

Après la clôture à la baisse de Wall Street lundi, les grandes Bourses asiatiques ont toutes terminé en fort repli. Le mouvement s’est poursuivi en Europe mardi, alors que la plupart des grands indices ont déjà abandonné au moins un quart de leur valeur depuis le début de l’année.

Autre signe d’inquiétude vis-à-vis des Etats-Unis, l’euro a battu mardi un nouveau record à 1,6038 dollar.

L’audition de M. Bernanke “pourrait être l’occasion de militer pour un plan de soutien au système bancaire”, ont considéré les analystes d’Aurel. “Ce sujet est très controversé aux Etats-Unis, mais il pourrait s’imposer face à un risque de faillite de plusieurs banques régionales”, ont-ils ajouté.

La marge de manoeuvre du président de la Fed est étroite, car après le sauvetage de la banque d’affaires Bear Stearns en mars, une nouvelle intervention massive des autorités pour secourir le système bancaire pourrait relancer le débat sur le rôle de l’Etat face à la crise financière.

En précisant les contours exacts du plan de soutien de Freddie Mac et Fannie Mae, M. Bernanke et Henry Paulson, le secrétaire au Trésor qui sera également présent mardi, devront situer la limite d’une opération potentiellement très coûteuse.

“Comment fait le Trésor américain? Est-ce qu’il se contente de se porter caution, dans ce cas il serait exposé à des niveaux de 100 à 400 milliards de dollars, ou est-ce qu’il monte au capital et injecte de l’argent frais?”, s’interroge Yves Marçais, vendeur institutionnel chez Global Equities.

“Dans ce cas, cela lui coûterait 5.000 milliards de dollars”, ajoute-t-il, soit la garantie portant sur les engagements totaux de Fannie Mae et Freddie Mac, qui se montent à 5.200 milliards de dollars.

 15/07/2008 13:00:10 – Â© 2008 AFP