Etats-Unis : les prix à la consommation affichent leur plus forte hausse en 26 ans

 
 
[16/07/2008 18:19:13] WASHINGTON (AFP)

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à Centreville (Photo : Paul Richards)

Les prix à la consommation ont dérapé en juin aux Etats-Unis, affichant leur plus forte hausse en 26 ans sous le poids croissant de l’énergie, ce qui ajoute encore aux problèmes d’une économie flirtant avec la panne sèche.

Les prix à la consommation ont augmenté de 1,1% en juin par rapport à mai, ce qui est la hausse la plus forte enregistrée depuis juin 1982. Sur un an, l’inflation atteint 5%, au plus haut depuis 1991, a indiqué mercredi le département du Travail.

Ce bond “extrême” est “particulièrement malvenu”, note Peter Kretzmer de la Bank of America, qui n’hésite pas à parler de “stagflation” –une activité économique stagnante dans un contexte d’inflation élevée – pour qualifier la situation actuelle.

Le ministère a expliqué ce bond inattendu (les analystes tablaient sur un gain de l’ordre de 0,7% seulement) “aux deux-tiers” par les cours de l’énergie. Sur un mois, les prix de l’essence comme ceux du fioul ont cru de plus de 10%, et avec un baril de pétrole proche de ses records, les analystes voient peu de raison d’espérer un répit.

“Les prix à la consommation devraient continuer à augmenter dans les mois à venir”, assure Aneta Markowska de la Société Générale, qui prévoit un baril de brut proche de 147 dollars en moyenne jusqu’au troisième trimestre.

“Cela pousserait l’inflation autour de 5,5% à 5,6% d’ici le mois d’août”, ajoute-t-elle.

Si l’on retire l’énergie et l’alimentation, l’indice dit “de base” a connu une hausse plus modeste: +0,3% sur un mois et 2,4% sur un an. Même si là aussi le poids du pétrole se fait sentir — par exemple dans le bond des tarifs aériens — son impact est limité, les entreprises continuant dans l’ensemble à rogner sur leurs marges plutôt que d’augmenter leurs prix.

Mais les analystes se demandent combien de temps cela pourra durer.

“Pour le moment nous ne voyons pas de signe d’une spirale salaires-prix aux Etats-Unis, mais les chiffres d’aujourd’hui augmenteront les inquiétudes”, assure Mme Markowska.

De fait, les salaires hebdomadaires corrigés de l’inflation ont reculé de 0,9% en juin, soit la plus forte baisse en 24 ans.

L’inquiétude est également vive au sein de la banque centrale, qui vise une inflation “de base” de 2% maximum. Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke a jugé la situation inacceptable.

“L’inflation est trop élevée actuellement. Et c’est une priorité absolue pour la Réserve fédérale de mener une politique qui permettra de ramener l’inflation à un niveau acceptable et cohérent avec la stabilité des prix”, a-t-il assuré lors d’une audition parlementaire.

En temps normal, un tel dérapage appellerait une hausse de taux. Mais l’économie américaine fait actuellement face à de multiples défis nés de la crise de l’immobilier, allant de la menace de récession aux turbulences sur les marchés financiers, et cela empêche de fait tout durcissement monétaire.

“L’économie stagne et l’inflation augmente. Il est clair qu’on est loin des niveaux des années 1970, mais la combinaison des deux crée un véritable problème pour la Fed”, note l’économiste indépendant Joel Naroff.

C’est pourquoi la banque centrale va sans doute maintenir un certain temps encore son taux directeur à 2%, malgré les réticences des plus orthodoxes en son sein qui n’avaient pas hésité à voter contre les récents assouplissement monétaires.

“La Fed s’abstiendra sans doute de relever ses taux jusqu’à 2009”, estime Kenneth Beauchemin du cabinet Global Insight.

“Et même l’hypothèse d’une baisse des taux reste sur la table, dans l’hypothèse improbable d’un désastre financier dans les mois à venir”, ajoute-t-il.

 16/07/2008 18:19:13 – Â© 2008 AFP