[16/07/2008 14:10:39] PARIS (AFP)
Les prix de l’énergie et de l’alimentation ont continué d’attiser l’inflation qui a atteint 3,6% en juin, son plus haut niveau depuis 17 ans, minant toujours un peu plus le pouvoir d’achat des ménages français. Cette hausse “provient du renchérissement des produits pétroliers et, dans une moindre mesure, de la hausse saisonnière des prix des produits frais et des autres services, notamment ceux liés au tourisme”, a expliqué mercredi l’Institut national de la statistique (Insee). “Les mêmes causes produisent, mois après mois, les mêmes effets. Sur ces 3,6%, 0,9 point émane de l’alimentation, et 1,5 point de l’énergie (le reste provient principalement du tabac et des services). Autrement dit, près de 60% de l’inflation est directement liée à la flambée des cours des matières premières”, analyse l’économiste Nicolas Bouzou (Asterès). La demande étant globalement plus forte que l’offre à court terme, “il faut se faire à l’idée que l’inflation va demeurer durablement élevée”, prévient-il. Selon les dernières prévisions de l’Insee, et à condition que le cours du pétrole se stabilise, le pic d’inflation devrait être atteint cet été avant de refluer en-dessous de 3% à la fin de l’année. Elle s’établirait en moyenne à 3,2% pour 2008 (après 1,5% l’an dernier), un niveau inégalé depuis 1991. Le gouvernement vient quant à lui de réviser sa prévision à la hausse tablant désormais sur 2,9%. Les prix de l’alimentation ont augmenté de 0,2% le mois dernier (+5,5% sur un an) et celui des produits frais de 1,6% (+3,7% sur un an). Ceux de l’énergie ont poursuivi leur hausse, gagnant 3,5% en juin après une augmentation de 4,2% le mois précédent. Les carburants ont augmenté de 5,2% (après +4,8% en mai), soit une hausse de 23,1% sur les douze derniers mois. Quant aux combustibles liquides (fioul par exemple), ils s’envolent de 7,6% (après +9,5% en mai), gagnant 58,5% sur un an. “On comprend dès lors aisément pourquoi le moral des ménages continue de s’enfoncer. L’essence, au même titre que l’alimentation, fait partie des achats répétés et fréquents dont on retient aisément le prix. Toute évolution rapide des tarifs décuple ainsi le sentiment d’érosion du pouvoir d’achat”, analyse Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi. Selon lui, avec une inflation de 3,3% sur tout le deuxième trimestre, “il est peu probable que les salaires aient suivi le rythme: le pouvoir d’achat des salariés a donc vraisemblablement baissé entre avril et juin”. “En effet, avec une progression des salaires nominaux inférieure à 3%, la perte de pouvoir d’achat des salariés est nette”, renchérit Nicolas Bouzou, pour qui la consommation des ménages, principal moteur de croissance ces dernières années, “va rester globalement en berne.” Mais ce regain d’inflation est “une bonne affaire” pour les ménages endettés et l’Etat, “puisqu’ils remboursent leur dette dans une monnaie dépréciée”, souligne l’économiste. En revanche, les épargnants sont plutôt pénalisés car les rémunérations des placements ne sont pas toujours indexés sur l’inflation. Ce n’est toutefois pas le cas du Livret A et la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a annoncé que le taux de rémunération allait passer à 4% à compter du 1er août, son plus haut niveau depuis 12 ans. Si l’inflation fait rage du côté des matières premières, les produits manufacturés restent sages, avec une inflation sur un an de 0,2%, grâce notamment à la forte concurrence internationale qui modère les prix et la force de l’euro qui réduit les coûts à l’importation. |
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