Continental engagé dans une lutte sans merci pour son indépendance

 
 
[16/07/2008 14:32:03] FRANCFORT (AFP)

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é de Continental, le 25 janvier 2005 à Hanovre (Photo : Jochen Luebke)

Le groupe allemand Continental a repoussé mercredi avec véhémence l’offre de rachat de l’entreprise familiale Schaeffler, qu’il accuse d’opportunisme et d’agissement contraire aux règles, donnant le coup d’envoi à une lutte sans merci pour garder son indépendance.

Le comportement de Schaeffler est “égoïste, souverain et irresponsable”: Manfred Wennemer, le bouillant patron de Continental, ne décolérait pas mercredi lors d’une conférence de presse à Hanovre, fief nordique du groupe.

“Nous allons défendre l’indépendance de notre société et nous battre pour cela”, a lancé cet homme de 60 ans, l’un des patrons les plus durs d’Allemagne, toujours impitoyable quand il s’agit de réduire les coûts et délocaliser la production hors du pays.

Mais une petite entreprise familiale, trois fois moins grosse que “Conti”, est parvenue à le pousser dans ses derniers retranchements. La firme, basée à Herzogenaurach en Bavière, dans la même ville qui abrite les frères ennemis Adidas et Puma, est spécialisée dans les pièces pour l’automobile et l’aéronautique, notamment des roulements à bille.

La veille, elle a lancé une offre de rachat sur Continental, le valorisant 11,3 milliards d’euros. Elle s’est déjà assurée 36% du capital via des options sur actions prises en directe et auprès de plusieurs banques.

Le cinquième équipementier automobile mondial (hors pneumatiques), très endetté et qui peine à digérer l’acquisition de son compatriote VDO, était devenu bon marché, sa valeur boursière ayant fondu de moitié en un an.

L’offre a été rejetée sans appel. “Elle est hautement opportuniste, ne reflète pas, et de loin, la vraie valeur de Continental, elle ne suscite pas la confiance et ne contient aucune logique industrielle convaincante”, justifie Continental.

Schaeffler dont l’offre doit encore être étudiée par le gendarme de la Bourse, le Bafin, a proposé 69,37 euros par titre, soit largement en dessous de la valeur de l’action (plus de 73 euros).

Le bavarois “foule du pied les droits des actionnaires”, s’insurge M. Wennemer. A ce prix là, il n’y a guère de chance qu’ils vendent leurs actions.

Mais un échec n’est pas forcément problématique pour Schaeffler, qui a déclaré viser avant tout une participation de plus de 30%, lui permettant de devenir un actionnaire incontournable dans toutes les décisions stratégiques.

Au delà des mots, Continental veut essayer se battre sur le terrain juridique. Pour lui, Schaeffler s’est assuré “de manière contraire à la loi” 36% de son capital.

Dans la rude bataille qui s’annonce, Manfred Wennemer pourra, une fois n’est pas coutume, compter sur les syndicats. IG Metall, la centrale de la métallurgie, continue de craindre une prise de contrôle “rampante” et déplore l’opacité du groupe, qui n’a pas de représentant des salariés dans son conseil de surveillance, selon Hartmut Heine, également membre de l’organe de contrôle de Conti.

La promesse du patron de Schlaeffer Jürgen Geissinger de ne pas démanteler Continental est aussi reçue avec scepticisme, aussi bien par la direction que par les syndicats. Pour l’expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, une fois aux manettes de “Conti”, Schaeffler pourrait céder environ 50% de ses activités –sur un chiffre d’affaires de 26,4 milliards d’euros visé en 2008–, pneumatiques compris.

Quand Continental a voulu racheter son concurrent VDO, il avait consulté les constructeurs automobiles. Sans leur bénédiction, peu de chance d’arriver à un accord et il s’agissait de créer une alternative face au géant Bosch, rappelait récemment le quotidien Börsen-Zeitung dans un éditorial. “Schaeffler a dû régler cela”, estimait-il, semblant laisser peu d’espoir à Continental d’échapper à ses griffes.

 16/07/2008 14:32:03 – Â© 2008 AFP