GDF Suez, une bonne nouvelle pour l’Etat mais pas pour les ménages

 
 
[17/07/2008 19:41:42] PARIS (AFP)

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érard Mestrallet s’adresse à ses actionnaires, le 16 juillet 2008 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

La naissance du groupe d’énergie GDF Suez est une bonne nouvelle pour l’Etat, qui va engranger plus de 600 millions d’euros de dividende exceptionnel, mais pas pour les ménages, qui devraient subir une nouvelle hausse du prix du gaz à la rentrée.

Les actionnaires de GDF et de Suez ont approuvé mercredi à la quasi-unanimité (plus de 99%) la fusion entre les deux entreprises. Celle-ci met un terme à près de deux ans et demi de rebondissements.

Le temps a été “galant homme” pour ce mariage, annoncé en février 2006 mais validé seulement mercredi par les actionnaires, a estimé la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

L’Etat, avec 35,7% du capital sera le premier actionnaire du groupe de gaz, d’électricité, d’eau et de déchets, et donc le premier bénéficiaire du dividende exceptionnel que GDF Suez a prévu de verser cette année.

Ce dividende de 0,80 euro par action représentera entre 600 et 650 millions d’euros pour l’Etat, a-t-on appris jeudi au ministère de l’Economie.

Mme Lagarde s’est d’ailleurs félicité jeudi de l’union, qui sera notamment “propice” à l’Etat actionnaire.

Le président Nicolas Sarkozy a aussi salué le mariage. Il a promis que GDF Suez “assumerait pleinement les missions de service public de Gaz de France”, notamment “la fourniture de gaz au tarif réglementé” (fixé par l’Etat).

Le deuxième actionnaire du nouveau groupe, la société d’investissement Groupe Bruxelles Lambert, qui détient 5,3% du capital, a également exprimé son “énorme satisfaction” par la voix de son patron, Albert Frère, dans Le Monde daté de vendredi.

Les consommateurs ont beaucoup à “perdre” de la fusion, avec ces “hausses” de prix, a estimé jeudi la CGT mines-énergie. Les fédérations CFDT et FO de l’énergie se sont inquiétées jeudi de l’avenir du service public du gaz.

Si la fusion ravit les actionnaires, elle ne va pas sourire aux ménages qui devraient voir leur facture de gaz augmenter à nouveau, après avoir déjà subi une hausse de près de 10% des tarifs du gaz depuis janvier.

“Ce n’est pas la fusion (des deux groupes, ndlr) qui entraîne une augmentation des tarifs”, a toutefois rappelé la ministre de l’Economie.

De fait, le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole, qui flambe actuellement sur les marchés mondiaux.

Reste que GDF est le seul fournisseur d’énergie à pouvoir vendre du gaz aux tarifs réglementés, comme EDF pour l’électricité.

Or l’Etat pourrait “ajuster” ces tarifs compte tenu de l’envolée des cours du pétrole, a indiqué jeudi Mme Lagarde.

La ministre a toutefois nuancé l’ampleur de l’éventualité d’une hausse en rappelant qu’il y avait eu “des hausses de tarifs du gaz qui ont été infiniment moindres que les prix des matières”.

Jean-François Cirelli, vice-président de GDF Suez, a fait valoir que ces tarifs avaient augmenté de près de 10% depuis janvier alors que “le prix du pétrole a été multiplié par deux”.

Mme Lagarde a en outre assuré qu’elle serait “particulièrement sensible à la nécessité d’un lissage” des augmentations tarifaires. Elle a confirmé que son ministère étudiait un nouveau mode de calcul des tarifs.

Le secrétaire d’Etat à la Consommation, Luc Chatel, avait dit mercredi que le nouveau mode de calcul permettrait “que ce ne soit pas seulement le gouvernement qui décide du prix”.

Si le prix du pétrole reste “autour de 140 dollars” le baril, “nous aurons de nouvelles hausses” des prix du gaz “à faire”, avait déclaré M. Cirelli mercredi. Pour Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, la facture de gaz “ne dépend pas de la fusion”, mais “de nous”, consommateurs, et du pétrole.

 17/07/2008 19:41:42 – Â© 2008 AFP