Génériques : Teva poursuit son ascension en avalant l’américain Barr

 
 
[18/07/2008 17:17:16] NEW YORK (AFP)

Le groupe Teva va renforcer son premier rang mondial dans les médicaments génériques en rachetant son rival américain Barr pour 7,5 milliards de dollars – une acquisition record pour une entreprise israélienne – au milieu d’une vague de fusions dans ce secteur en plein essor.

Teva a annoncé vendredi qu’il allait racheter Barr, le numéro quatre du secteur, dans une opération mixte, en numéraire et en actions. Avec une reprise de dette de 1,5 milliard, la transaction, qui devrait être bouclée à la fin de l’année, valorise le groupe américain à 9 milliards de dollars.

“Ce serait la plus grosse acquisition par une entreprise israélienne de toute l’histoire d’Israël, ce qui montre la solidité de l’économie locale”, a souligné Aaron Katsman, analyste de la société de conseil America Israel Investment Associates dans une note.

Avec l’apport de Barr, le groupe israélien va se développer en Europe de l’Est, notamment en Russie et en Pologne, et s’emparer de 16% supplémentaires du marché américain des génériques, portant sa part à près de 30%.

Teva, qui produit quelque 330 médicaments, élargira aussi son portefeuille de produits, actuels et à venir. Barr, qui commercialise 150 produits et s’apprête à en commercialiser 70 autres, dispose de licences de copie de plusieurs grands médicaments qui tomberont bientôt dans le domaine public.

Il produit aussi des médicaments sous sa marque, notamment des pilules contraceptives qui se sont emparées de près de 20% du marché américain.

Le PDG de Teva, Shlomo Yannai, a expliqué que ce rachat aiderait son groupe à atteindre son objectif ambitieux de doubler son chiffre d’affaires à 20 milliards de dollars pour 2012, avec une marge brute de 20%.

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ège social de Barr, le 11 octobre 2006 à Pomona (état de New York). (Photo : Don Emmert)

Teva a réalisé en 2007 un chiffre d’affaires de 9,4 milliards de dollars et Barr de 2,5 milliards. A eux deux, ils affichent donc 11,9 milliards de recettes, avec des effectifs de 37.000 personnes dans le monde.

Teva, qui veut grossir pour distancer son rival Sandoz (groupe Novartis), le n°2 mondial, et l’indien Mylan, le numéro 3, paiera 66,50 dollars par action, soit une prime de 42% sur le cours de l’action Barr mercredi. Jeudi, des rumeurs de rachat avaient fait bondir le titre de plus de 20%.

Il s’agira de la plus grosse acquisition jamais réalisée par Teva, dépassant même son méga-rachat en 2005 de l’américain Ivax pour 7,4 milliards de dollars.

Teva a déjà racheté cette année pour 400 millions de dollars le groupe américain CoGenesys, spécialiste des médicaments biogénétiques, autre créneau porteur où il veut se renforcer. Il attend en outre le feu vert des actionnaires pour conclure le rachat pour 360 millions de la division génériques de l’américain Bentley Pharmaceuticals.

Mais ses concurrents ne sont pas en reste.

Le groupe s’est fait souffler l’an dernier la division générique de Merck, rachetée par Mylan pour 6,7 milliards. De son côté le japonais Daiichi Sankyo vient de conclure en juin le rachat d’une part majoritaire du groupe indien Ranbaxy pour 4,6 milliards.

Barr avait lui-même racheté en 2006 le groupe croate Pliva pour 2,5 milliards de dollars.

Le projet de rachat a été bien accueilli par les analystes. L’agence de notation Moody’s a salué “la solide logique stratégique de l’acquisition de Barr, et les financements disponibles significatifs”.

Dans les huit plus gros pays consommateurs, le marché des génériques a atteint 60 milliards de dollars en 2007 (contre 370 milliards pour les médicaments protégés par des brevet), en hausse de 7%. La moitié de ce montant est généré aux Etats-Unis, selon la Generic Pharmaceutical Association.

Des dizaines de grands médicaments vont tomber dans le domaine public d’ici 2010 et les ventes mondiales de génériques devraient alors dépasser les 70 milliards de dollars.

 18/07/2008 17:17:16 – Â© 2008 AFP