GB : le risque de récession pourrait amener à profaner les règles budgétaires

 
 
photo_1216408353881-1-1.jpg
à Toyako (Japon). (Photo : Chung Sung-Jun)

[18/07/2008 19:17:25] LONDRES (AFP) Le ministère des Finances britannique s’apprête à assouplir les règles d’or budgétaires qui ont fait la réputation du Premier ministre Gordon Brown, mesure qui n’étonne pas alors que menace la récession au Royaume-Uni, mais qui a déclenché des critiques de l’opposition.

De 1997 à 2007, ministre des Finances qui ne laissait personne, pas même l’ex-Premier ministre Tony Blair, mettre le nez dans le budget du pays, Gordon Brown s’est vanté d’avoir maintenu deux “règles d’or” qu’il avait édictées : avoir une dette publique qui ne dépasse pas 40% du produit intérieur brut (PIB) (elle est d’environ 65% en France), sur la durée d’un cycle économique, et n’emprunter que pour réaliser des investissements durables (routes, écoles…).

Certes, les bornes du “cycle économique” ont paru parfois évolutives, mais au total, les règles ont paru globalement respectées.

Mais, selon le Financial Times (FT) de vendredi, une grande révision des comptes nationaux, dont l’Office national des statistiques donnera le résultat à la fin de l’été, devrait à la fois constater qu’un cycle économique a pris fin, montrer que les règles ont été respectées, et donner au gouvernement l’opportunité de les modifier.

L’article du FT a correspondu à la publication de chiffres de déficit public désastreux en juin.

Sur les trois premiers mois de l’année budgétaire, les emprunts ont largement dépassé la moitié des 43 milliards de livres (55 milliards d’euros) prévus par le ministre des Finances Alistair Darling pour l’année entière. La dette publique a atteint un record aussi à 38,3%.

“En un mot des chiffres atroces, absolument atroces”, a résumé Philip Shaw, d’Investec.

Au même moment John Gieve, un des vice-gouverneurs de la Banque d’Angleterre, soulignait dans un discours “qu’il ne pouvait exclure dans le pays une prochaine récession technique”, dont les chances “ont augmenté depuis mai”. Le tout alors que l’Union européenne a relancé le 8 juillet une procédure de déficit public excessif contre le Royaume-Uni.

Le ministère des Finances a d’abord qualifié l’article du FT de “pure spéculation basée sur des commentaires remontant à plus de trois mois”. “Cela fait longtemps que nous disons que nous établirons les règles budgétaires du prochain cycle à la fin de l’actuel”, a cependant concédé le ministère.

Interrogé ensuite sur la BBC, M. Darling a été moins sec : “Nous n’avons pas encore pris de décision”, a-t-il dit, évoquant pour le Royaume-Uni actuellement “une période majeure” d’incertitude économique, peut-être la pire des 60 dernières années, a-t-il dit.

Il a jugé “crucial d’avoir des règles budgétaires qui assurent des finances publiques soutenables à moyen terme”, semblant ainsi repousser les limites déjà floues du cycle économique.

Robert Chote, directeur de l’Institut des hautes études budgétaires, a estimé que “le gouvenement aurait peut-être mieux fait de repenser ces règles avant qu’il semble qu’elles aient été violées”. “Ce n’est pas un grand sens du timing” a renchéri Philip Shaw.

L’opposition s’en est donné à coeur joie. Un porte-parole du parti conservateur a estimé qu’une révision des règles d’or serait “le dernier clou dans le cercueil de la réputation de compétence économique de Gordon Brown”. “Il avait mis sa crédibilité dans ces règles, et à la première grande difficulté, il les abandonne”, a souligné le ministre des Finances du cabinet fantôme conservateur, George Osborne.

Son homologue des libéraux-démocrates Vince Cable a estimé enfin que “les règles budgétaires n’étaient pas crédibles quand le gouvernement passe son temps à les trafiquer ou à les modifier”, et il a appelé à la création d’un organisme indépendant pour en être chargé.

 18/07/2008 19:17:25 – Â© 2008 AFP