[21/07/2008 20:19:12] GENÈVE (AFP)
L’Union européenne a tenté lundi de reprendre la main à l’OMC en proposant d’abaisser de 60% ses droits de douane agricoles, une offre aussitôt qualifiée de simple action de “propagande” par les pays en développement. Quelque 80 ministres représentant 40 pays ont fait le voyage de Genève pour tenter de mettre la touche finale à près de sept ans de discussions entamées en 2001 à Doha (Qatar) dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce. Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a proposé d’abaisser de 60% la moyenne des droits de douane agricoles de l’UE, contre les 54% précédemment annoncés, une offre décrite comme “une avancée tout à fait considérable” par son porte-parole Peter Power. Mais le Brésil, important exportateur agricole, qui a entamé un bras de fer avec les pays développés pour obtenir un meilleur accès à leurs marchés et la diminution de leurs subventions agricoles, a tempéré l’annonce. “Il ne s’agit pas d’une concession”, a commenté pour l’AFP Roberto Azevedo, l’un des principaux négociateurs du Brésil. “Ce chiffre est une conséquence de différents chiffres sur lesquels les négociateurs se sont déjà mis d’accord”, a-t-il ajouté.
Un autre représentant brésilien a qualifié de “propagande” l’offre européenne. La commissaire européenne à l’agriculture, Mariann Fischer Boel, a elle même assuré qu’il n’avait “rien de nouveau” dans l’annonce de son collègue Mandelson. La France, qui préside l’UE, a affirmé par la voix de son ministre à l’Agriculture Michel Barnier “qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle offre ou d’un changement de position”. “C’est la base de calcul qui fait que l’on arrive à 54% ou 60%”, a-t-il précisé. “Le résultat change quand on intègre le taux de réduction des droits pour les produits sensibles ou les produits tropicaux pour lesquels les réductions sont plus importantes”, selon M. Barnier. Ainsi, selon les Brésiliens et le représentant français, Peter Mandelson aurait intégré dans son calcul de la moyenne de baisse des droits de douane des produits qui en étaient absents auparavant, soit les produits tropicaux. De même, la ministre indonésienne au Commerce, Mari Pangestu, représentant le G33 (groupe des pays en développement très dépendants de quelques produits agricoles) a affirmé qu’il “n’y a rien de nouveau dans l’offre faite aujourd’hui”. Les divergences entre pays riches et pays en développement ont donc repris de plus belle à l’ouverture de la réunion. “La contribution la plus importante doit venir de la libéralisation du marché plutôt que du côté des subventions” agricoles, a déclaré la représentante américaine au commerce Susan Schwab. “Nous savons que nous avons un rôle de leader à jouer dans ce cycle, et nous sommes prêts à apporter notre contribution sur les soutiens les plus nocifs aux échanges”, a-t-elle promis. De leur côté, les pays africains représentés par l’Egypte ont souligné l’importance des négociations pour faire face à la hausse aiguë des prix des biens alimentaires. En cas d’échec, “nous mettrions en danger la sécurité et la stabilité mondiale”, a averti le ministre égyptien du commerce Rachid Mohamed Rachid. Pour Pascal Lamy, qui a organisé la réunion de cette semaine, les 152 Etats membres sont “à deux doigts d’une étape fondamentale pour conclure le cycle de Doha cette année”. Des rencontres en petits groupes dites en “chambre verte”, présidées par Pascal Lamy, se sont succédées durant l’après-midi. |
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