[21/07/2008 21:04:51] BALE (AFP)
Le groupe pharmaceutique suisse Roche, qui a lancé lundi une offre sur sa filiale américaine Genentech, va considérablement renforcer sa position dans les médicaments oncologiques, se mettant ainsi à l’abri de la concurrence féroce des génériques dans le secteur. Avec une offre publique d’achat de 43,7 milliards de dollars (27,5 milliards d’euros) sur les 44,1% de Genentech qu’il ne détient pas encore, Roche signe l’une des plus importantes transactions jamais réalisées par le groupe. Genentech, spécialisée dans les produits oncologiques et notamment dans le développement de plusieurs “blockbuster” anti-cancer de Roche, a été acquis par le groupe suisse en 1990. Roche va proposer aux actionnaires de sa filiale 89 dollars par action en numéraire, soit une prime de 9% par rapport au prix de clôture vendredi. L’opération permettra à Roche de réaliser des synergies annuelles avant impôts de 750 à 850 millions de dollars, a souligné le groupe, précisant que la nouvelle entité génèrera plus de 15 milliards de dollars de ventes annuelles. Genentech a indiqué dans un communiqué qu’il allait réunir son conseil d’administration pour décider de la suite à donner à l’OPA. Le groupe financera l’opération en partie avec ses fonds propres, qui s’élèvent à 10,1 milliards de francs suisses au premier semestre, et par des prêts contractés auprès de banques, a précisé un porte-parole de Roche à l’AFP. “Nous n’allons utiliser qu’une partie de nos propres ressources, afin de conserver notre flexibilité stratégique pour réaliser de petites et de moyennes acquisitions”, a-t-il ajouté. Avec cette opération, Roche prend le contrôle total de sa filiale, qui contribue à hauteur de 28% aux ventes de sa division pharmaceutique. Genentech a notamment développé les trois “blockbuster” oncologiques de Roche –MabThera, Avastin et Herceptin. Avec un chiffre d’affaires cumulé de 7,8 milliards de francs suisses au premier semestre, ces trois médicaments anti-cancer figurent parmi les meilleures ventes du groupe. Roche se positionne ainsi sur un segment novateur, à l’abri des génériques qui mettent à mal son compatriote Novartis. Ces produits ont également permis de compenser la baisse des ventes du médicament contre la grippe aviaire Tamiflu, qui ont reculé de 71% au premier semestre. Le groupe a publié lundi, en avance, un bénéfice net en léger recul de 2% à 5,732 milliards de francs suisses sur les six premiers mois, en ligne avec les prévisions des analystes, et a confirmé ses objectifs pour l’ensemble de l’année. Le rachat de Genentech évite également à Roche de payer des redevances à ses actionnaires minoritaires, estimées cette année à 1,8 milliard de dollars. A la Bourse suisse, le titre Roche a clôturé en recul de 4,79% à 171 francs suisses, à contre-courant du marché (+0,45%), certains analystes craignant que le prix payé pour l’OPA soit trop élevé. “Le moment semble bien choisi avec un dollar faible”, ont estimé les analystes de la banques Wegelin dans un note. “Mais le financement par des moyens extérieurs pourrait avoir son prix dans le contexte tendu des marchés financiers”, ont-il ajouté. Cette opération “est une très bonne surprise et (…) devrait rapidement conduire à une augmentation du bénéfice par action”, a souligné Andrew Fellows, analyste à Helvea. Le rachat de Genentech “va considérablement renforcer la position de Roche aux Etats-Unis”, a-t-il souligné, ajoutant que “cette transaction est excellente d’un point de vue stratégique”. Roche avait effectué un premier pas dans le renforcement de son activité oncologie, en rachetant début février pour 3,4 milliards de dollars le laboratoire américain Ventana, spécialisé dans le diagnostic histopathologique. |
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