[22/07/2008 17:39:39] GENEVE (AFP)
Les dernières offres des pays riches pour dégager un accord de libéralisation commerciale sont tombées mardi dans des oreilles de sourds à Genève, les pays en développement n’y voyant aucune avancée réelle en matière agricole. Au deuxième jour d’une réunion cruciale pour sauver sept années de négociations entre les 152 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce, les Etats-Unis ont offert de réduire leurs subventions agricoles à moins de 15 milliards de dollars par an “afin de faire avancer la négociation cette semaine”. “Il s’agit d’un geste majeur, pris de bonne foi dans l’espoir que les autres renverront l’ascenseur et amélioreront leurs offres d’ouverture des marchés”, a déclaré la représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab, en annonçant devant la presse la dernière offre de Washington. Cette offre a été immédiatement rejetée par le Brésil, porte-parole de facto des pays émergents, qui a souligné que les Etats-Unis avaient dépensé l’an dernier moins de 8 milliards de subventions agricoles, soit deux fois moins que le plafond proposé de 15 milliards. Mais la négociatrice américaine a expliqué que le niveau relativement faible des subventions versées en 2007 était lié à la flambée des prix des matières premières. Or, les subventions américaines servent en grande partie à combler la différence entre les prix mondiaux et celui payé aux agriculteurs américains.
Washington doit pouvoir verser éventuellement davantage d’argent à ses paysans en cas de chute des cours, a ajouté la négociatrice. L’offre américaine améliore légèrement une proposition faite l’an dernier de ramener les subventions à 17 milliards. Ces subventions sont accusées par les pays en développement de saper les cours mondiaux et le niveau de vie de leurs propres agriculteurs. Les Etats-Unis “peuvent encore aller plus loin”, a estimé Peter Power, porte-parole du commissaire européen au Commerce Peter Mandelson, tout en jugeant “raisonnable” l’annonce américaine. Mme Schwab a souligné que sa proposition dépendait des baisses des droits de douane sur les produits industriels que devront consentir les pays émergents. Elle a en outre demandé que ses partenaires s’engagent à ne pas poursuivre les Etats-Unis devant l’OMC à propos des subventions agricoles, tentant de renouveler la “clause de paix” qui existait jusqu’en 2003. Cette dernière requête a été dénoncée par Oxfam, une association de défense des pays en développement. “Cela signifie que l’on a l’intention de violer les règles à l’avenir. C’est une insulte supplémentaire”, a estimé Jeremy Hobbs, directeur d’Oxfam International. Lundi, M. Mandelson avait déjà tenté de reprendre la main dans la négociation en annonçant une baisse de 60% des droits de douane que l’UE perçoit sur ses importations agricoles. Mais cette annonce a été rejetée par les pays en développement, qui n’y ont vu que la reformulation d’offres déjà faites. “Ce n’est qu’un gadget statistique”, a lancé le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim. La proposition européenne n’a pas même été discutée durant la réunion ministérielle de lundi soir, a indiqué M. Rockwell. Une deuxième réunion à huis clos mardi risquait de se prolonger tard dans la nuit. “Les participants sont déterminés à négocier de bonne foi pour parvenir à un accord”, a observé le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui espère obtenir avant samedi un accord entre la quarantaine de ministres présents à Genève. |
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