La banque Wachovia plonge dans le rouge et ramène le marché à la réalité

 
 
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à San Francisco le 14 avril 2008. (Photo : Justin Sullivan)

[22/07/2008 18:00:39] WASHINGTON (AFP) La banque américaine Wachovia a annoncé mardi une perte colossale, à contre-courant des premières publications bancaires aux Etats-Unis, rappelant, comme l’avait déjà fait American Express la veille, que les marché du crédit et de l’immobilier sont toujours sinistrés.

La perte de 8,6 milliards de dollars publiée par l’établissement de Charlotte (Caroline du Nord, sud-est des Etats-Unis) pourrait être la plus importante de cette saison des résultats parmi les banques américaines.

Elle est plus de cinq fois supérieure à ce qu’anticipait le marché, qui avait pourtant déjà été alerté, début juillet, par Wachovia, qui avait alors évoqué une fourchette comprise entre -2,6 et -2,8 milliards de dollars.

L’importance du trou a secoué les marchés qui voyaient déjà la fin du tunnel, après une série de résultats bancaires meilleurs que prévu.

Provisions, dépréciations et charges exceptionnelles, conséquences de la crise financière et immobilière, ont amputé le résultat de Wachovia de 14,6 milliards de dollars au total pendant les trois mois écoulés.

“Ces résultats sont décevants et inacceptables”, a commenté le président du conseil d’administration, Lanty Smith.

Pourtant, après avoir initialement sanctionné le titre, qui a perdu jusqu’à 11% à l’ouverture de Wall Street, les investisseurs se portaient de nouveau sur l’action Wachovia, qui gagnait 6% en début d’après-midi.

Un rebond favorisé par les propos du tout récent directeur général Robert Steel, qui a écarté l’hypothèse d’une nouvelle augmentation de capital, redoutée par les analystes, alors que la banque a déjà levé 11,5 milliards de dollars depuis le début de l’année.

Pour redresser son bilan, la banque a préféré opter pour des mesures internes, comme la quasi-suppression du dividende et un plan d’économies qui entraînera la suppression de 6.350 postes.

Wachovia prévoit également de se défaire de 20 milliards de prêts et de titres financiers d’ici la fin de l’année, et a indiqué étudier la cession d’actifs non stratégiques.

Conscient des lacunes de son modèle, Wachovia a entamé une restructuration de son activité de prêts immobiliers, principale responsable de ses déboires actuels.

Les résultats trimestriels ont confirmé que la quatrième banque américaine par la taille des actifs traîne comme un boulet l’activité hypothécaire de la banque californienne Golden West, rachetée en mai 2006.

L’intégration de Golden West a gonflé la proportion de prêts à risque dans le portefeuille de Wachovia, notamment les prêts à remboursement variable, appelés “pick-a-payment” ou “option ARM”.

Ces prêts permettent à l’emprunteur de choisir le montant de ses versements mensuels et de les fixer à un niveau inférieur aux intérêts, ce qui est susceptible de faire augmenter chaque mois le montant du principal à rembourser.

Wachovia a annoncé, le 30 juin, sa décision de ne plus accorder ce type de crédits, mais reste lesté par un portefeuille de 122 milliards de dollars de prêts déjà consentis.

“L’année et demie depuis l’absorption de Golden West a pesé sur les résultats de Wachovia, mais cette ère s’achève”, a commenté l’agence d’évaluation Moody’s, qui a pourtant abaissé d’un cran la note de Wachovia, tout comme ses concurrentes Fitch Ratings et Standard and Poor’s.

Si Wachovia travaille à la restructuration de ces prêts, ce portefeuille “devrait affaiblir les résultats de la banque à court terme”, a estimé Moody’s.

Outre l’arrêt de la production des prêts à remboursement variable, Wachovia a annoncé mardi la fermeture de ses activités de crédit immobilier distribués par des courtiers, à travers le réseau de General Bank.

“Wachovia semble penser que clôturer ces activités présente moins de risque que d’attendre une reprise”, a relevé Jeffrey Ham, analyste de Briefing.com.

La veille au soir, c’était le groupe de service financiers American Express qui avait douché les marchés, en abandonnant son objectif de croissance du bénéfice par action (BPA) de 4% à 6% cette année, en raison de la dégradation de la conjoncture aux Etats-Unis.

 22/07/2008 18:00:39 – Â© 2008 AFP