Successeur désigné. Karim Ammar, coopté pour prendre les rênes de Poulina,
après M. Abdelwaheb Ben Ayed, est le seul manager en Tunisie à porter ce
titre, du moins officiellement. Car ce groupe, dont le holding est en cours
d’introduction à la bourse de Tunis, est le premier en Tunisie à avoir
travaillé de manière méthodique, claire et transparente à la préparation de
la succession de son fondateur et président directeur général. Probablement
parce que sa longue expérience a permis à M. Abdelwaheb Ben Ayed de réaliser
que passer le témoin constitue un exercice apparemment simple, mais en
réalité plutôt délicat et peut être beaucoup plus difficile dans la vie
d’une entreprise que dans les épreuves de relais. La présence à ses côtés
d’actionnaires ayant, notamment à l’instar MM. Abdelhamid Bouricha et
Mohamed Bouzguenda, réglé leur succession de leur vivant et déjà passé les
commandes de leurs groupes à leurs enfants, pourrait aussi avoir joué un
certain rôle dans cette prise de conscience. Qui ne date pas d’aujourd’hui.
En
fait, la «succession story» de Poulina a débuté il y a vingt ans. «Le souci
de la transmission nous habite depuis vingt ans», témoigne M. Ben Ayed. Car,
explique-t-il, «le changement étant pénible pour tout le monde, nous avons
voulu faire les choses en douceur». Avec comme fil conducteur, une idée
toute simple : «que ce soit les structures qui s’imposent et non pas les
hommes».
Les actionnaires de Poulina ayant opté pour la séparation de l’actionnariat
et de la gestion, le Pacte qu’ils ont conclu prévoyait qu’un «externe»
prendra les rênes du groupe après Abdelwaheb Ben Ayed. Ensuite, ils ont mis
en place un «conseil d’administration bis» dans lequel siègent de jeunes
administrateurs désignés par les familles actionnaires. Ces jeunes qui
délibèrent mais ne décident pas sont préparés de la sorte à l’accession au
vrai conseil.
Une fois Karim Ammar repéré et coopté, la préparation de la succession a
véritablement commencé, «de la manière suggéré par la littérature» du
management, note le patron de Poulina. C’est-à-dire en quatre phases
successives. Les deux premières phases sont celles de l’initiation -durant
laquelle «le ou les successeurs s’imprègnent des valeurs» de la société-, et
de l’intégration –au cours de laquelle «le fondateur intègre le successeur»,
observe Abdelwaheb Ben Ayed. Qui rappelle qu’à Poulina «on connaît depuis
sept ans la personne qui doit me succéder».
La
troisième phase, celle du «règne conjoint» est celle dans laquelle le groupe
se trouve actuellement. En attendant, la dernière : «le retrait du
fondateur». Que ce dernier prépare, indique-t-il, en s’éloignant de plus en
plus de la gestion courante.
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