France : consommation en recul en juin, mauvais signe pour la croissance (

 
 
[23/07/2008 15:52:04] PARIS (AFP)

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épartition des dépenses

Après un sursaut en mai, la consommation est repartie à la baisse au mois de juin en France, signe selon les économistes que l’heure est aux restrictions chez les ménages et qu’il faudra moins compter sur eux que les années passées pour soutenir la croissance.

“Depuis le premier trimestre, il y a un net ralentissement de la consommation des ménages totalement lié à l’accélération de l’inflation, due essentiellement à la hausse des prix du pétrole” et de l’alimentaire, constate Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Cela ampute “le pouvoir d’achat des ménages et leur impose de réduire la voilure sur les biens (les) moins urgents”, ajoute Marc Touati, économiste chez Global Equities.

Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont reculé de 0,4% en juin, après une hausse de 1,7% en mai, a annoncé l’Insee mercredi.

Depuis le début de l’année, ces dépenses, qui comptent pour un quart de la consommation des français et représentent un bon indicateur, sont au point mort. Sur un an, elles progressent de 1%, mais c’est “la plus faible augmentation depuis août 2003”, remarque Alexander Law, de Xerfi.

S’il est “limité”, le repli enregistré en juin est “très inquiétant dans la mesure où il a été enregistré malgré le début des soldes dès le 25 juin”, souligne M. Touati.

Les dépenses de consommation en textile-cuir demeurent “extrêmement fragiles”, note Alexander Law:: elles progressent faiblement en juin (+0,6%) mais reculent au deuxième trimestre (-1,7%) et sur un an (-0,6%).

Les dépenses en biens durables se replient de 1,3%. Sur le deuxième trimestre et sur un an, elles sont toutefois en hausse (+1,4% et +4,4%).

Le secteur de l’automobile enregistre le plus fort repli en juin (-3,8%), même s’il reste à la hausse (+6,6%) sur un an.

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à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Au ministère de l’Economie, on estime que la “volatilité dans l’automobile” explique une bonne partie du repli de la consommation. “Hors automobile, la consommation stagne en juin”, explique-t-on.

“C’est un mois où les prix du pétrole ont été très élevés alors qu’ils retombent nettement aujourd’hui”, souligne Bercy en anticipant, grâce à la loi de modernisation de l’économie votée définitivement mercredi par le Parlement, “une baisse de certains prix à la consommation qui va permettre de soutenir” les dépenses des ménages.

Les dépenses en biens d’équipement du logement résistent bien (+0,8% en juin, +2,9% sur un an), mais leur rythme ralentit, poursuit M. Law. Une évolution qui devrait s’accentuer vu “la détérioration rapide du marché immobilier”, observe Mathieu Kaiser, de BNP Paribas.

La croissance s’annonce donc “particulièrement faible aux deuxième et troisième trimestres”, prévoit Alexander Law, d’autant que le crédit à la consommation devient “plus onéreux et sélectif”, poursuit M. Kaiser.

Mathieu Plane prévoit aussi “une très faible augmentation” voire la stabilité de la consommation aux deuxième et troisième trimestres, et donc une croissance “très mauvaise” sur cette période.

“Notre prévision de hausse du PIB de 1,7% sur 2008 constitue” par conséquent une maximale, ajoute M. Law.

M. Plane juge toutefois “tenable” la cible gouvernementale d’une croissance 2008 entre 1,7% et 2%, mais proche de 1,7%, car “on peut espérer que le commerce extérieur (…) continuera à soutenir la croissance” comme sur les deux derniers trimestres, de même que l’investissement des entreprises.

 23/07/2008 15:52:04 – Â© 2008 AFP