[23/07/2008 16:35:59] GENEVE, 23 juil 2008 (AFP)
Les pays émergents rechignaient mercredi à faire les concessions qu’attendent les pays riches en matière industrielle en contrepartie de leurs offres agricoles, au troisième jour d’une réunion ministérielle cruciale de l’OMC pour sauver sept ans de négociations. Le ministre indien du Commerce et de l’Industrie, Kamal Nath, arrivé à Genève mercredi, a refusé de dire s’il allait mettre sur la table des négociations une ouverture accrue du marché indien aux importations de produits industriels. Mais il a souligné que la négociation ne devait pas servir à “accroître la prospérité des pays développés” et qu’il se refusait à “mettre en jeu les jeunes industries et les PME de l’Inde, qui a peiné pour s’industrialiser”. Le Brésil, autre meneur des pays émergents réunis au sein du G20, a estimé que les conditions n’étaient pas encore réunies pour des discussions équilibrées. “La balle n’a pas encore passé la moitié du terrain. Elle est toujours dans le camp des pays riches”, a déclaré le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim. Pourtant, les négociateurs européen et américain, Peter Mandelson et Susan Schwab, jugent maintenant qu’il est temps d’avancer dans les négociations sur les produits industriels, après qu’ils ont fait des offres sur l’agriculture. Mardi, les Etats-Unis ont offert de réduire leurs subventions agricoles à moins de 15 milliards de dollars par an “afin de faire avancer la négociation cette semaine”. Mais l’offre américaine a été jugée insuffisante, tant par l’Inde que par le Brésil, qui semblent bien décidés à faire monter la pression pour obtenir plus de concessions. Les pays émergents sont par ailleurs eux-même divisés sur les concessions qu’ils sont prêts à faire en matière d’ouverture de leurs marchés. Au sein du “Nama 11”, groupe de pays en développement qui veulent limiter l’ouverture de leurs marchés industriels, certains pays, comme l’Argentine ou l’Afrique du Sud, ont adopté des positions particulièrement dures, selon une source liée aux négociations. Un message relayé par les syndicats. “Si nous continuons dans ce sens, cela pourrait créer une crise économique grave dans notre pays”, car les discussions sur l’industrie “ne prennent pas en compte le développement et les emplois”, a fait valoir Rudi Dicks, du Congrès des syndicats d’Afrique du sud (Cosatu), lors d’une conférence de presse en marge des négociations. “Ca bloque maintenant sur l’industrie”, a observé une source européenne, notant que les textes sur lesquels travaillent les négociateurs sont “beaucoup plus élaborés dans l’agriculture que dans l’industrie”, ce dernier thème ayant pris du retard. Parmi les sujets de paralysie, une “clause anti-concentration”, voulue par l’Europe, qui empêcherait les pays émergents d’exclure des secteurs entiers de leur économie du champ de l’ouverture de leurs marchés. Un sujet important notamment pour l’Allemagne, qui cherche des débouchés pour son secteur automobile. Mais tant les Brésiliens que les Indiens jugent qu’il s’agit d’une “mauvaise idée”. “Si cela devait faire échouer un accord, qu’il en soit ainsi”, a estimé le ministre indien. Face à ces blocages, le processus a pris une journée de retard, et des réunions en petits groupes étaient prévues mercredi après-midi, pour permettre déjà aux pays de s’entendre entre eux. Après les progrès “modestes” enregistrés depuis trois jours, le directeur général de l’OMC Pascal Lamy a appelé les pays membres à travailler “ensemble avec davantage conscience de l’urgence”. |
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