Lufthansa se bat avec les syndicats, la grève menace dans le ciel allemand

 
 
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érienne Lufthansa sur le tarmac de l’aéroport de Dusseldorf, le 23 juillet 2008 (Photo : Volker Hartmann)

[24/07/2008 14:51:05] BERLIN (AFP) Le chaos menace dans les aéroports allemands cet été, alors que la première compagnie aérienne du pays Lufthansa se bat avec les syndicats sur le thème des salaires.

Cette semaine déjà environ 1.000 vols ont été supprimés, victimes de la grogne des pilotes de deux filiales du groupe. Ce n’était sans doute qu’un avant-goût des semaines à venir: vendredi la décision tombera sur une grève dure de 48.000 personnels au sol et volants menés par le grand syndicat des services Verdi.

Les membres votent encore jusque dans la soirée sur le sujet, mais dès la semaine dernière le principe d’une grève semblait acquis.

“Une grève est possible à partir de lundi”, a déclaré au quotidien Handelsblatt de vendredi le chef du comité d’entreprise de Lufthansa, Wolf Liebetrau. D’après lui, les préparations sur les modalités pratiques de la grève — quels aéroports, quels jours, à quelle heure — sont déjà en cours.

Qu’il s’agisse des pilotes de CityLine et Eurowings, menés par leur syndicat Cockpit, ou des catégories de personnel représentées par Verdi, les salariés frondeurs veulent plus de sous, au nom de l’inflation et surtout des confortables bénéfices dégagés par Lufthansa l’an dernier.

Les négociations menées jusqu’à maintenant sur les deux fronts, émaillées de grèves d’avertissement, ont échoué.

Dans un environnement de marché particulièrement difficile pour les compagnies aériennes, dressées les unes contre les autres et touchées de plein fouet par l’envolée des cours du pétrole et par ricochet du kérosène, Lufthansa s’en tire pour le moment plutôt bien. Le groupe a maintenu ses prévisions de résultats financiers pour cette année. Et alimente ainsi les revendications de ses salariés, qui réclament “une offre qui (les) fasse participer à l’expansion de l’activité”.

L’an dernier Lufthansa a dégagé un bénéfice d’exploitation de 1,38 milliard d’euros, le chiffre devrait être du même ordre cette année.

Fort de cette bonne performance, Verdi veut une augmentation de salaire de 9,8% sur un an. Lufthansa a mis 6,7% sur la table, étalés sur 21 mois. Cockpit pour sa part n’a pas émis de revendication chiffrée, mais refuse l’offre d’une hausse 5,5% assortie de primes. Les pilotes des deux petites filiales — qui assurent tout de même autour de 700 vols domestiques et européens par jour — veulent gagner autant que ceux qui volent sous la bannière Lufthansa, mieux payés.

Des exigences qui font s’étrangler le patron de la compagnie Wolfgang Mayrhuber. Les conflits actuels sont “totalement inutiles et contre-productifs”, tempêtait-il jeudi dans un courrier à ses salariés. “Nous ne pouvons pas faire plus” que les offres actuelles, affirme-t-il, invoquant “une marge de manoeuvre économique très étroite”.

Un discours peu à même de faire reculer les syndicats, stimulés par les accords conclus dans d’autres branches cette année en Allemagne, et animés d’une nouvelle combativité après des années de retenue salariale.

M. Mayrhuber en appelle à la solidarité des grévistes avec “les familles qui se réjouissent de leurs vacances annuelles et de leur voyage en avion, pour lesquels elles ont durement travaillé”. Les cessations de travail toucheront effectivement la compagnie, qui transporte quelque 140.000 passagers par jour, au pire moment, en pleine transhumance estivale.

“Dans le secteur des services c’est comme ça, quand les salariés combattent, ce sont les clients qui trinquent”, rétorque un porte-parole de Verdi, sans états d’âme.

Mais les déboires de Lufthansa font aussi des heureux. La compagnie à bas coût Easyjet par exemple, sa concurrente sur plusieurs lignes internationales, et dont le patron pour l’Allemagne se frotte déjà les mains. “C’est l’occasion pour nous de gagner de nouveaux clients”, se réjouissait cette semaine John Kohlsaat.

 24/07/2008 14:51:05 – Â© 2008 AFP