[24/07/2008 17:51:52] NEW YORK (AFP)
Le constructeur automobile Ford a annoncé jeudi un nouveau train de mesures destinées à accélérer l’adaptation de sa production américaine au boom de la demande en modèles économes en carburant, en même temps qu’il dévoilait la pire perte trimestrielle de son histoire. Ford veut devenir “une compagnie plus petite, au système de production plus flexible”, a expliqué Mark Fields, son patron pour l’Amérique du Nord, lors d’une conférence de presse téléphonique. Le numéro deux américain de l’automobile n’a pas annoncé de suppressions d’emplois mais a indiqué qu’il allait prolonger son actuel programme de guichets-départs, alors même qu’il était déjà “sur les rails pour réduire les effectifs de salariés de 15% d’ici le 1er août”. Ford a justifié ces nouvelles mesures – qui s’ajoutent à celles annoncées en mai et juin – par la dégradation continue de l’environnement économique, qui l’empêche de mener à bien la restructuration entamée début 2006. Sur le seul mois de juin, Ford, dont 60% des ventes sont encore réalisées avec des véhicules lourds (4×4 et “pickup”) a accusé une chute de 28% de ses ventes aux Etats-Unis, contre -16% pour l’ensemble du marché. La baisse marquée de ses ventes, ajoutée à 8 milliards de dollars de dépréciations de la valeur d’actifs industriels, ont conduit à une perte nette de 8,7 milliards de dollars au 2e trimestre. C’est “notre pire perte trimestrielle”, a reconnu le directeur financier Don Leclair. Hors éléments exceptionnels, la perte par action s’est établie à 64 cents par action, alors que les marchés ne la voyaient pas dépasser 27 cents. Ford cumule désormais près de 24 milliards de pertes depuis 2006. Signe supplémentaire de la dégradation du marché américain, la division de services financiers, traditionnellement l’activité la plus rentable, affiche 1,4 milliard de dollars de pertes nettes, Ford ayant notamment dû accroître fortement le montant de ses provisions pour crédits non honorés. Ford, qui a renoncé à son objectif de retour à la rentabilité en 2009, s’attend désormais à une année 2008 “pire que 2007”. Le marché sanctionnait fortement Ford en Bourse, à la lueur de ces nouveaux éléments: l’action perdait 10,28% à 5,41 dollars vers 15H40 GMT. “Comme vous le savez, le 2e trimestre a été difficile pour notre industrie, entre la dégradation de l’économie américaine et la hausse des coûts de l’énergie. Nous nous restructurons de manière offensive pour être en mesure d’être rentables avec les niveaux actuels de la demande, et nous changeons de modèle”, a résumé le PDG Alan Mulally, lors de la conférence. Son plan se décline en plusieurs points, qui devraient être bouclés à l’horizon 2010, date pour laquelle Ford espère une reprise du marché. Ford s’est inspiré du modèle qui a fait le succès de ses rivaux asiatiques aux Etats-Unis, reposant sur un nombre limité de plates-formes (la partie non visible de la voiture). Il va en réduire le nombre de 25 à 9. Voulant mener “une offensive de petits modèles” aux Etats-Unis, Ford va convertir trois usines de gros véhicules pour y produire des modèles compacts, des berlines et des “crossovers” (berlines à la carrosserie de 4X4). Il va importer et adapter six modèles qui ont fait son succès en Europe, dont la petite Ford Fiesta. “D’ici 2010, deux-tiers des investissements seront consacrés aux berlines et aux +crossovers+”. Pour améliorer les performances énergétiques de ses modèles, “Ford va remplacer ou améliorer la quasi totalité de ses moteurs d’ici la fin 2010”. Voulant devenir “le leader américain des voitures hybrides”, Ford prévoit de doubler sa production de ces modèles à propulsion essence/électricité d’ici 2009. Une ambition qui est aussi celle de son compatriote General Motors, qui a opéré un virage à 180° similaire dans sa stratégie ces dernières semaines. |
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