| ||||||||
 | ||||||||
[25/07/2008 21:00:02] GENEVE (AFP)
Une percée inespérée dans les négociations sur la libéralisation du commerce mondial se dessinait vendredi soir à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), au cinquième jour de discussions tendues entre Nord et Sud sur l’agriculture et les produits industriels. “Il y a eu une percée dans les négociations” lors d’une réunion entre l’Union européenne et six puissances commerciales (Australie, Brésil, Chine, Etats-Unis, Inde, Japon), a annoncé à l’AFP un diplomate qui a requis l’anonymat. Le porte-parole de l’OMC, Keith Rockwell, a fait état de son côté de “signes très encourageants de progrès”, sans préciser sur quels points. Selon des diplomates, l’Inde continuerait toutefois à traîner les pieds en ce qui concerne le volet industriel de l’accord, tandis que le Japon refuserait de voir plafonner à 100% ses droits de douane sur les produits agricoles. Mais le Brésil a rejoint un consensus avec les pays développés, lâchant l’Inde avec laquelle il menait depuis des années la fronde des pays émergents contre la politique agricole des pays du Nord.
Alors que les discussions entamées lundi à Genève semblaient proches d’un échec en début de journée, les éléments de l’accord obtenu à sept étaient soumis aux ministres d’une trentaine d’autres pays lors d’une réunion entamée en fin d’après-midi. L’ensemble des 153 pays membres devront approuver tout éventuel accord à l’OMC, où prévaut la règle de l’unanimité. “Il y a eu des progrès, c’est exact. Mais ce n’est pas un accord final”, a déclaré le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, lors d’une pause dans les discussions. Il a jugé “possible” qu’un accord soit à portée de main.
Selon des diplomates, le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, a posé de nouvelles propositions chiffrées sur la table dans l’espoir de parvenir à un compromis. Il aurait demandé aux Etats-Unis d’améliorer leur offre et de limiter à 14,5 milliards de dollars par an les subventions qu’ils versent à leurs agriculteurs. Il a en outre mis d’autres propositions sur la table concernant les drois de douane imposés sur les produits agricoles et sur les produits industriels. Dans la matinée, M. Lamy avait jeté un froid en avertissant les Etats membres qu’ils étaient arrivés à “un moment crucial où tout peut basculer entre échec et réussite”.
Pascal Lamy a convoqué les ministres cette semaine dans l’espoir de susciter enfin un accord sur l’agriculture et les produits industriels, les deux points au coeur du cycle de négociations de Doha, lancé fin 2001 dans la capitale du Qatar. Un échec cette semaine risquerait de signifier un long report, voire un abandon définitif, du cycle qui aurait déjà dû aboutir à la fin de 2004. La discussion oppose des pays en développement, qui veulent le démantèlement des politiques agricoles des pays riches, à ces derniers qui demandent en échange aux pays émergents d’abaisser leurs droits de douane sur les produits industriels. L’Inde était donnée comme particulièrement inflexible. En réponse, le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, a assuré que son pays faisait preuve de souplesse dans la négociation. Mais une scission semblait se dessiner dans le camp des pays en développement, dont plusieurs ont contesté la position de l’Inde et du Brésil, qui mènent le combat au nom du Sud dans les discussions à sept. Depuis Paris, les syndicats paysans ont mis en garde contre un accord qui serait fondé sur une baisse de 60% des droits de douane agricoles, soit exactement le chiffre annoncé lundi par M. Mandelson. Jeudi, Nicolas Sarkozy a affirmé que la France, première destination des subventions agricoles de l’UE, ne signerait pas en l’état l’accord en discussion à l’OMC. M. Mandelson a immédiatement rappelé qu’il avait mandat pour négocier à l’OMC au nom des Vingt-sept. |
||||||||
|