Tourments en série pour les investisseurs de Russie

 
 
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à la bourse de Moscou le 19 avril 2005 (Photo : Yuri Kadobnov)

[26/07/2008 09:06:37] MOSCOU (AFP) La Russie a infligé une semaine éprouvante aux investisseurs avec l’exacerbation de la guerre chez le pétrolier TNK-BP, un coup de sang de Vladimir Poutine contre un oligarque et des doutes sur son statut si vanté d'”îlot de stabilité” dans la tourmente mondiale.

“Le dernier train pour les optimistes du marché boursier russe vient de partir. Espérons qu’il ne s’agit que de vacances et non d’émigration…”, ironisait Chris Weafer, analyste de la banque UralSib, dans une note vendredi matin.

De fait, les pessimistes l’ont emporté sans coup férir cette semaine : le principal indice RTS de la Bourse de Moscou a reculé de jour en jour pour clore la semaine sur une chute de 5,58%, la plus forte depuis janvier.

Roland Nash, chef économiste de la banque Renaissance Capital, estime dans un note que la “réputation de havre de paix du marché russe” appartient au passé après les événements de cette semaine.

Les plus spectaculaires ont eu lieu à quelques heures d’intervalle à peine jeudi soir.

Le Premier ministre Vladimir Poutine s’est emporté contre le principal actionnaire du groupe métallurgique et minier Metchel, Igor Ziouzine, d’une manière si violente et inattendue qu’elle a immédiatement réveillé le spectre d’un autre bras de fer encore frais dans les mémoires: celui qui avait opposé l’Etat russe et le groupe Ioukos.

Le très sérieux quotidien Vedomosti note ainsi vendredi que “Poutine ne s’est jamais exprimé aussi durement contre un homme d’affaires, mis à part Mikhaïl Khodorkovski”, l’ancien patron de Ioukos, aujourd’hui emprisonné.

Accusé de manipulation des prix, Metchel a vu son titre en bourse s’effondrer de près de 30% vendredi, tandis que le marché retenait son souffle en attendant de voir si l’oligarque oserait à son tour se rebeller contre Vladimir Poutine.

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étrolière TNK-BP, Robert Dudley,le 10 juin 2008. (Photo : Alexey Sazonov)

L’affaire a fait tant de bruit qu’elle en a presque éclipsé le départ de Russie, en pleine tempête, du PDG du groupe pétrolier TNK-BP, nouvelle étape-clé du conflit qui oppose ses actionnaires russes (le consortium AAR) aux britanniques (la major BP).

Les observateurs hésitaient vendredi sur la meilleure façon d’interpréter ce nouveau rebondissement : selon une source gouvernementale haut placée citée par les agences russes, il pourrait être vu “comme un pas vers le règlement du conflit et un commencement de rapprochement des positions des actionnaires”.

Mais Roland Nash est d’un avis opposé: selon lui, le conflit “risque de devenir encore plus hideux maintenant que le très pondéré M. Dudley a quitté Moscou”. Il paraît selon lui improbable que la bataille se termine sans l’intervention du Kremlin.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, de déplaisants nuages se sont accumulés sur la conjoncture russe cette semaine, avec une série d’indicateurs économiques plus faibles que prévu, alors que les dirigeants russes jusqu’ici pouvaient se prévaloir d’une économie bien plus solide que celle des pays développés.

Le net ralentissement de la croissance au mois de juin, à 6,5% sur un an, contre une moyenne de 8% au premier trimestre, a pris tout le monde de cours. Quant à l’inflation, elle reste obstinément élevée (9,3% depuis le début de l’année).

Le vice-Premier ministre Alexandre Joukov est immédiatement monté au créneau pour juger “prématuré” de parler de ralentissement de la croissance et réaffirmer que le gouvernement s’attend toujours à une hausse de 8% cette année. Le ministre des Finances Alexeï Koudrine a abondé dans son sens, à une nuance près : “Quand l’inflation est forte, il se produit toujours un ralentissement de la croissance économique”, a-t-il prévenu.

 26/07/2008 09:06:37 – Â© 2008 AFP