Du coton à la banane, l’OMC cherche l’accord sur un “paquet” de négociations

 
 
[27/07/2008 18:06:43] GENEVE (AFP)

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à l’ouverture des discussions le 21 juillet 2008 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

L’OMC tentait dimanche d’accorder ses 153 pays membres autour d’un “paquet” de négociations qui va de la banane au coton, après avoir obtenu une percée inespérée dans ses interminables discussions sur les subventions agricoles et les droits de douane.

“Maintenant, c’est comme si l’on jonglait avec plusieurs petites balles, en essayant de n’en faire tomber aucune”, a expliqué un diplomate.

Après une réunion samedi sur l’ouverture du marché des services, qui a permis d’aplanir quelques divergences, les pays membres se réunissaient dimanche en petits groupes pour discuter de dossiers sensibles, au septième jour d’une réunion cruciale pour sauver sept ans de négociations commerciales, dont le terme n’est toujours pas connu.

Négociateurs de l’UE et d’Amérique latine étaient en train de finaliser dimanche après-midi un accord mettant fin à près de trois décennies de guerre de la banane, a-t-on appris de sources proches des discussions.

“Les deux parties sont en train de mettre la dernière touche à l’accord final”, a indiqué cette source. “S’ils signent, ce sera un accord historique qui mettrait fin à un différend de 25 ans”.

Les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), dont les bananes entrent sans droit de douane dans l’UE, contestent cet accord qui rendrait leur production moins compétitive par rapport à celle de l’Amérique latine.

Samedi soir, Européens et Latino-Américains se sont mis d’accord sur un abaissement à 114 euros la tonne (contre 176 euros actuellement) du droit de douane perçu par Bruxelles sur les bananes originaires d’Amérique latine, selon le texte dont l’AFP a obtenu une copie.

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é remplit un pick-up avec des bananes sur le marché de Tegucigalpa, au Honduras, le 5 janvier 2006 (Photo : Elmer Martinez)

Ce chiffre est légèrement plus bas que les 116 euros proposés il y a deux semaines par le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui a joué les bons offices entre les deux continents.

Il prévoit cependant que cette baisse finale du droit de douane n’entre en vigueur qu’en 2016, soit un an plus tard que prévu dans la proposition Lamy, au terme de sept abaissement annuels successifs. Il prévoit aussi que les Latinos-Américains mettent fin à toutes les procédures engagées contre l’UE à l’OMC à propos de la banane.

Un diplomate ACP a qualifié le projet d’accord d’inacceptable. “Cela doit changer, ça n’est pas bien”, a-t-il déclaré, alors que le groupe ACP peaufinait sa réaction.

Les pays ACP ne peuvent empêcher la conclusion de l’accord euro-latino-américain, mais ils pourraient bloquer les discussions en cours à l’OMC sur la libéralisation du commerce mondial.

L’accord serait signé par l’UE et par 11 pays d’Amérique centrale et du sud (Colombie, Panama, Equateur, Costa Rica, Honduras, Guatemala, Pérou, Brésil, Mexique, Nicaragua et Venezuela), ainsi que par les Etats-Unis.

Les pays-membres devaient se réunir à une trentaine vers 19h00 (17h00 GMT) pour une séance de synthèse, au septième jour d’une réunion cruciale pour sauver sept ans de négociations commerciales, dont le terme n’est toujours pas connu.

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ésilien des Affaires Etrangères Celso Amorim, le 25 juillet 2008 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

Vendredi, le directeur général Pascal Lamy a soumis aux sept principales puissances commerciales (Etats-Unis, UE, Brésil, Inde, Chine, Australie et Japon) une série de chiffres sur les deux chapitres-clés du cycle de Doha pour la libéralisation des échanges, l’agriculture et les produits industriels.

Cette proposition a permis une percée inespérée dans les négociations commerciales.

Mais “il n’y a pas de garantie que survive le fragile paquet qui a commencé à naître vendredi soir”, a mis en garde le négociateur européen Peter Mandelson dimanche dans son “blog”.

Parmi les pièces du puzzle qui restent à assembler, figure la question du mécanisme de sauvegarde, une protection tarifaire souhaitée par des pays en développement en cas de flambée des importations d’un ou plusieurs produits agricoles.

Le projet de M. Lamy stipule qu’un pays puisse augmenter ses droits de douane jusqu’à 15% au-dessus de ses niveaux actuels si la flambée d’importations dépasse 40%.

L’Inde, l’Indonésie, la Turquie, les Philippines et des représentants du groupe africain jugent que ce seuil de 40% est trop élevé et les empêchera de déclencher le mécanisme de sauvegarde.

A l’inverse, des exportateurs comme le Paraguay, l’Uruguay, le Costa Rica et le Chili ont indiqué qu’ils souhaitaient une utilisation la plus restrictive possible de ce mécanisme.

“Il y a encore beaucoup de problèmes à résoudre, mais le mécanisme de sauvegarde est l’un des principaux”, a indiqué le porte-parole de l’OMC Keith Rockwell.

Un autre dossier épineux devait être abordé, celui du coton, qui oppose les pays africains aux Etats-Unis et à l’Union européenne.

Les principaux pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest (Mali, Bénin, Burkina Faso et Tchad) demandent que les Etats industrialisés, essentiellement les Etats-Unis, abaissent leurs subventions, qui plombent selon eux les cours mondiaux et pénalisent le secteur dans les pays pauvres.

Mais ils n’ont obtenu jusqu’ici aucune avancée sur ce dossier. “Ca coince toujours”, a indiqué un expert africain, ajoutant que “l’UE reste sur ses positions” et les Américains “ne veulent rien dire pour l’instant”.

 27/07/2008 18:06:43 – Â© 2008 AFP