Marie Chantal et le pouvoir d’achat


Par Ibtissem


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Quand
je la vois arriver toute doucereuse et aimable, c’est qu’elle cherche
quelque chose à comprendre ; encore une fois ça n’a pas raté. Ce jour-là,
Marie Chantal descendit de sa 4X4 dernier modèle et me demanda à brûle
pourpoint : «dis-moi, à Mosaïque ils parlaient de pouvoir d’achat,
d’inflation et de beaucoup de choses que je n’ai pas saisi. D’ailleurs, le
pouvoir, mon mari connaît bien : les achats, moi j’en fais beaucoup ; mais
le pouvoir d’achat, c’est quoi ?». Et me voilà transformée en professeur
d’économie impromptu, et lui expliquait qu’en économie le pouvoir d’achat se
définit comme la capacité d’un ménage d’acheter des biens que lui permet
l’intégralité de ses revenus et dépend aussi bien du montant des revenus que
du prix des biens.

 

Et alors ? Moi, je n’ai pas de pouvoir d’achat, je paie tout par carte … ;
et l’inflation, c’est quoi ce truc là ?

 

Après un long soupir, je lui expliquai que l’inflation est la «hausse
généralisée et durable du niveau général des prix» et par conséquent, elle
entraîne une baisse du pouvoir d’achat. Prenons un exemple : quand tu donnes
200 DT par mois à ton chauffeur, et que le prix de l’huile, des tomates et
couscous augmente, son pouvoir d’achat s’érode et il ne peut plus acheter,
donc se nourrir ; et donc, le fabriquant ne peut plus vendre et donc, il ne
fabrique plus et il licencie. Ca s’appelle une spirale… et cela fait des
crises économiques, ensuite politiques et sociales …

 

Mais c’est trop compliqué tout ça ; elle me rétorqua avec une moue pleine de
suffisance et finit par m’assener son argument massue : «si c’est la crise
et la baisse du pouvoir d’achat et l’inflation, pourquoi alors il y a plein
d’embouteillages, les hôtels sont pleins, les avions sont pleins, les
chariots des hypermarchés sont pleins… tout est plein, les terrains hors de
prix s’arrachent… Tu ne vas pas me dire que tout est plein avec des
portefeuilles vides !»

 

Que voulez-vous que je réponde à cette série d’arguments aussi frappants,
demander à ces éminents économistes -Blanchard, Engels, Friedman, Frisch,
Fujita, Galbraith, Keynes, Lewis, Luxemburg, Marx, Minsky, ; Samuelson,
Schultz, Smith, Solow, et j’en oublie . …..- d’aller revoir leur copie ?

 

Mais que voulez-vous, les mystères de l’économie tunisienne sont insondables
….