[27/07/2008 22:05:20] GENEVE (AFP) Un petit nombre de pays émergents ont mis en danger le fragile équilibre atteint par les négociateurs dans une ébauche d’accord à l’OMC, a averti dimanche la représentante américaine au Commerce Susan Schwab. “Nous avions trouvé une issue vendredi soir pour obtenir un accord, elle n’était pas parfaite, mais elle était délicatement équilibrée et avait reçu un soutien fort”, a déclaré Susan Schwab à des journalistes à la sortie d’une réunion entre une trentaine de ministres à l’Organisation mondiale du commerce. “Malheureusement, un petit nombre de pays émergents ont décidé de rééquilibrer les choses en faveur de l’un ou l’autre sujet”, a-t-elle poursuivi. “Et lorsque on tire un fil, on défait tout l’ouvrage, la seule issue que nous avions jusqu’ici”, a-t-elle ajouté. “Je pense que c’est une perspective très inquiétante”, a conclu la représentante américaine. Lors d’une nouvelle réunion en “chambre verte” pour tenter de rapprocher les ultimes points de friction entre les membres de l’OMC, un groupe de pays en développement menés par l’Inde a demandé de meilleures protections douanières pour protéger ses produits agricoles.
Le directeur général de l’OMC Pascal Lamy a mis sur la table des négociations plusieurs propositions chiffrées sur l’agriculture et les produits industriels qui ont remporté l’aval de nombreux négociateurs. Après une réunion samedi sur l’ouverture du marché des services, qui a permis d’aplanir quelques divergences, les pays membres se sont réunis dimanche en petits groupes pour discuter de dossiers sensibles. La bataille de la banane, qui oppose depuis près de trois décennies l’Amérique latine à l’Europe et à ses anciennes colonies, semblait en passe d’être résolue. Mais les pays du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique ont menacé dimanche de bloquer l’ensemble des négociations à l’OMC s’ils n’obtiennent pas satisfaction dans le dossier des importations de bananes de l’Union européenne.
Les négociateurs de l’UE et d’Amérique latine s’apprêtaient dimanche soir à finaliser un accord sur la baisse du droits de douane perçu par Bruxelles sur les importations de bananes d’Amérique Latine. Vendredi, le directeur général Pascal Lamy a soumis aux sept principales puissances commerciales (Etats-Unis, UE, Brésil, Inde, Chine, Australie et Japon) une série de chiffres sur les deux chapitres-clés du cycle de Doha pour la libéralisation des échanges, l’agriculture et les produits industriels. Cette proposition a permis une percée inespérée dans les négociations commerciales. Mais “il n’y a pas de garantie que survive le fragile paquet qui a commencé à naître vendredi soir”, a mis en garde le négociateur européen Peter Mandelson dans son “blog”. Parmi les pièces du puzzle qui restent à assembler, figure la question du mécanisme de sauvegarde, une protection tarifaire souhaitée par des pays en développement en cas de flambée des importations d’un ou plusieurs produits agricoles. Selon le projet Lamy, les pays en développement pourront définir 12% de produits “spéciaux”, protégés d’une trop forte baisse tarifaire au nom de la sécurité alimentaire ou du développement rural. La baisse des droits sur ces produits ne dépasserait pas 11%, et 5% d’entre eux ne subiraient aucune réduction. Un mécanisme de sauvegarde permettra en outre aux pays en développement de relever les droits en cas de flambée des importations dépassant 40%. Mais des pays du G33 (Inde, Indonésie, Philippines) ont fait part de leurs réticences face à ces propositions, qu’ils considèrent insuffisantes pour protéger leurs petits agriculteurs. Un autre dossier épineux devait être abordé, celui du coton, qui oppose les pays africains aux Etats-Unis et à l’Union européenne. Mais aucune avancée notable n’était encore apparue en début de soirée. Les principaux pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest (Mali, Bénin, Burkina Faso et Tchad) étaient mécontents dimanche d’une rencontre avec la représentante américaine pour le commerce Susan Schwab, estimant qu'”il n’y a toujours rien de concret” sur une baisse des subventions des Etats-Unis au secteur cotonnier, qui plombent selon eux les cours mondiaux et pénalisent le secteur dans les pays pauvres. |
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