[28/07/2008 06:44:26] GENEVE (AFP)
Les pays du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) ont menacé dimanche de bloquer l’ensemble des négociations à l’OMC s’ils n’obtiennent pas satisfaction dans le dossier des importations de de l’Union européenne. “On bloquera la négociation si notre ultime contre-proposition n’est pas acceptée”, a averti le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, porte-parole des ACP pour la banane, lors d’un entretien avec l’AFP. L’Union européenne et l’Amérique latine se sont mis d’accord durant le week-end sur la fin de la “guerre de la banane” qui les oppose depuis 25 ans. Cet accord prévoit de ramener en 2016 le droit de douane européen sur la banane à 114 euros par tonne contre 176 actuellement. Les ACP, dont les bananes entrent dans l’UE sans droit de douane, jugent ce calendrier inacceptable, estimant qu’il ne leur permet pas d’adapter leur production face à la concurrence des Latino-Américains. La contre-proposition des ACP ramènerait le droit de douane à 109 euros la tonne, mais sur une période plus longue, s’étendant jusqu’en 2017, avec une montée en charge plus lente. “Pour nous, ce qui compte, c’est le point de départ”, a expliqué le ministre. “Il nous faut un temps minimal pour investir et engranger des gains de productivité. Nous tenons aux deux premières années”.
Les pays ACP, qui souffrent de la faiblesse du dollar, espèrent aussi gagner du temps pour profiter d’une reprise éventuelle du billet vert, a ajouté M. Mbarga Atangana. “On ne peut pas supporter ce calendrier, cette cadence” imposée par l’accord euro-latino, a-t-il assuré. La contre-proposition des ACP vise à montrer que le groupement fait preuve de bonne volonté. “Si demain on est forcés de prendre une position extrême, on ne pourra pas dire que l’on est venus ici pour tout bloquer”, a-t-il expliqué. L’Amérique latine détient la part du lion du marché européen de la banane, avec 3,5 millions de tonnes vendues l’an dernier, loin devant les ACP (800.000 tonnes) et les producteurs européens (principalement Antilles françaises et Canaries) avec 700.000 tonnes. Ces derniers ont dénoncé la semaine dernière la proposition de Pascal Lamy, jugée “totalement favorable à l’Amérique latine”. Eric de Lucy, porte-parole de l’Association des producteurs européens de bananes a jugé impossible de descendre sous un droit de douane de 160 euros la tonne. L’OMC a peiné dimanche à accorder ses 153 pays membres autour d’un “paquet” de négociation allant de la banane au coton, après avoir obtenu une percée inespérée sur les subventions agricoles et les droits de douane. “Nous avons fait des progrès, mais certains problèmes ne sont toujours pas résolus”, a résumé le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, à la sortie d’une réunion entre une trentaine de ministres. Bien d’autres pièces du puzzle restaient à assembler. Parmi celles-ci, la question du mécanisme de sauvegarde, une protection tarifaire souhaitée par des pays en développement en cas de flambée des importations d’un ou plusieurs produits agricoles. “Cent pays ont fait une déclaration, soutenue par l’Inde, exprimant leurs préoccupations sur les produits spéciaux et le mécanisme de sauvegarde”, a indiqué le ministre indien. Le projet de M. Lamy stipule qu’un pays puisse augmenter ses droits de douane jusqu’à 15% au-dessus de ses niveaux actuels si la flambée d’importations dépasse 40%. Mais l’Inde, l’Indonésie, la Turquie, les Philippines et des représentants du groupe africain jugent que ce seuil de 40% est trop élevé et les empêchera de déclencher le mécanisme de sauvegarde. |
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