Le réseautage profiterait-il à nos entreprises ?

«Le networking, moteur des
stratégies gagnantes», tel est le thème du 17ème forum de
l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE) organisé le 24
juillet 2008 à la Cité des sciences à Tunis. Un rendez-vous annuel que l’ATUGE
promet à ses adhérents pour discuter, débattre et témoigner.

 

Pour cette année, la question du réseautage ou
networking –pour ceux qui préfèrent le terme anglo-saxon– était au cœur de
ces discussions. L’importance que revêt cette question tient à sa portée
stratégique pour les entreprises tunisiennes en ce sens qu’elle leur
procure des opportunités grandioses en termes de partenariat et de
coopération avec les groupes étrangers. Ajoutons à cela des gains en
termes d’IDE pour le pays puisque la création d’un bon réseau a l’avantage
de donner plus de visibilité pour la Tunisie sur le plan international.

 

«Les économistes jugent l’attractivité économique des
sites pays pour la qualité du site (50 à 70%) et pour son agressivité (30
à 50%)», nous explique M. Afif Chalbi, ministre de l’Industrie, de l’Energie
et des PME, tout en ajoutant que l’engagement dans un processus de
réseautage pourrait porter les exportations de 15 à 30 milliards de dinars
d’ici à 2016. Est-il question, donc, de renforcer les secteurs à haute
valeur ajoutée tels que les composants automobiles, l’aéronautique, le
textile/habillement, etc. pour passer leur part dans l’exportation de 25 à
30%.

 

Etre agressif est intrinsèquement lié à l’attaque des
marchés extérieurs. Ce qui ne pourrait se faire sans une volonté réelle
des entreprises à s’engager dans un processus de coopération à
l’international synonyme de mise en place d’une stratégie de réseautage.

 

Image déconnectée de la réalité

 

Reste que la question de l’image est une
problématique qui pèse encore sur le poids réel du pays. À cause d’une
image dépassée assez répandue, la réalité ne prend pas en considération
des progrès réalisés. M. Serges Degallaix, ambassadeur de France en
Tunisie, a expliqué que cette réalité pourrait avoir pour causes des
raisons diverses : la taille du marché, les infrastructures de
télécommunication, les procédures administratives longues, etc. «Il est
important d’axer plus sur la dimension maghrébine des réseaux. Ceci
permettrait d’élargir le marché, de profiter de la richesse des
compétences humaines et d’allier la force technologique à la force
commerciale», a-t-il précisé.

 

Une politique de communication bien ciblée et bien
ciblée pourrait-elle, aussi, avoir un effet magique sur l’image du pays.
«C’est un moyen de valoriser et de pérenniser les échanges», a indiqué M.
Radhi Meddeb, Directeur Général de l’Institut de Prospective Economique du
Monde Méditerranéen (IPMed).

 

«Selon une étude réalisée par l’Institut français des
relations internationales ‘’IFRI’’ en 2005, le rôle de l’Europe dans le
monde allait décliner, quel que soit le scénario d’élargissement de
l’Union européenne. Actuellement, elle concourt à hauteur de 25% au PIB
mondial, mais à l’horizon 2040–2050, cette part ne sera que de 10 à 15%
seulement», a-t-il ajouté. Et ce pour des raisons tels que le
vieillissement, la fermeture à l’immigration et surtout la montée des pays
émergeants comme la Chine et l’Inde.

 

Seule alternative, selon M. Meddeb, la création d’un
espace économique et financier intégrant les deux rives de la Méditerranée
puisque l’Europe ne resterait plus le seul vis-à-vis dans la région. De ce
fait, il est impératif de créer des réseaux techniques, des réseaux
d’entreprises ainsi que des réseaux sociaux, et pourquoi pas des
lobbyings. D’ailleurs le lobbying ‘’est une réalité pratiquée, un outil de
communication efficace et une exigence incontournable pour l’Etat. La
Turquie et le Qatar le pratiquent déjà très bien», nous dira M.
Jean-Christophe Adler, président de l’Association française des
consultants en lobbying.

 

En fait, le réseautage peut bien profiter à nos
entreprises puisqu’il met en avant la vraie valeur des compétences
techniques et humaines du pays. Il est tout aussi efficace pour
reconstruire une image réelle de la Tunisie, loin des idées reçues.
Cependant, il ne suffit pas simplement de constituer des réseaux, mais de
«bien le faire et le faire savoir», pense M. Degallaix.

 


M.O.